Interview : Sidisid (Butter Bullets) | Captcha Mag x Le Blavog

Cette interview date de septembre 2013, mais on l’avait jamais sorti pour cause de : nous sommes des branleurs.
En plus, c’était une entrevue filmée, mais les vidéos n’ont jamais été montées pour cause de : nous sommes des branleurs.

Du coup, on vous balance quand meme l’interview, avec une bonne année de décalage, ce qui explique pourquoi on n’y parle pas des premiers extraits de Memento Mori, du clash contre Olivier Cachin, ou des derniers feats avec Alkpote. Ne fuis pas tout de suite, on parle quand même de pas mal de choses foutrement intéressantes, telles que : les haricots, Fauve, Joe Lucazz, les déménagements, Project Pat, la Suisse, et les ventes de Fababy.

C’est pawti :

Teobaldo : Avant le feat avec Alk, tu faisais des trucs, mais qui n’étaient pas spécialement exposés.

Sidisid : Ouai, on faisait des trucs, mais j’en suis pas fier du tout.

Teobaldo : T’en es pas fier, avec le recul, ou déjà, sur le coup, tu te disais « c’est pas terrible » ?

Sidisid : Bah déjà, à l’époque, entre le moment où tu le fais, et le moment où ça sort, y’a deux ans qui se déroulent. Donc sur le coup, oui, ça va, parce que t’es dedans, mais deux ans plus tard, tu te dis nan, c’est pas possible. Avant Peplum, on a quand même sortit deux albums !

Teobaldo : Ils étaient dans les bacs ?

Sidisid : Nan, pas des les bacs, mais sur des sites spécialisés.

Teobaldo : Même formation, avec Dela à la prod, et toi au micro ?

Sidisid : Ouai, et après on avait des autres potes qui produisaient, mais qui sont plus dans le son aujourd’hui. On est arrivé comme ça, mais à l’époque, je me bousillais déjà à Express D. C’est juste que c’était impossible, il n’y avait pas de place pour un petit blanc de Franche-Comté qui fait du rap ! J’avais rien à raconter qui pouvait intéresser, à l’époque, un auditeur de rap. Toute cette époque, avec Compagny Flow, Def Jux, ça existait pas du tout en France. Enfin si, y’avait peut-être TTC, qui a été mal interprété, mais c’était les seuls à être un peu dans ce délire. Mais Compagny Flow, c’était chanmé, j’étais à fond dedans. Et même les blogueurs qu’on connait aujourd’hui, ils respectent à mort. « Nous les blancs », c’est ce qui nous a donné une crédibilité.

Teobaldo : Le fait d’être le seul rappeur du groupe, c’est un choix, ou c’est juste que ça s’est fait comme ça, par la force des choses ?

Sidisid : C’est pas spécialement un choix, ça s’est fait comme ça, c’est tout. Avant, j’avais un groupe, on était deux … bon, j’avais 14 ans. Et c’est une expérience de groupe qui a foiré ! Un jour, je me suis rendu qu’il n’écrivait pas … il n’avait jamais rien écrit. On avait enregistré des trucs, mais on écrivait jamais ensemble. Et un jour j’écoute une compil, un morceau d’un mec totalement inconnu, et je me dis « putain je connais ce couplet ». J’ai cherché pendant au moins une semaine ! Et quand ça a fait tilt, je me suis dit « le fils de pute ! » (rires). En plus, sur la fin il faisait ça intelligemment, en prenant 4 mesures dans un texte, 4 mesures dans un autre …

Teobaldo : T’avais 14 ans, et t’avais déjà enregistré des trucs ?

Sidisid : Ouai, on a eu accès à un petit truc. C’était l’époque ODB, etc. Mais je suis bien plus vieux que ce que l’on croit !

Spleenter : Faut dire ton vrai âge, du coup.

Sidisid : Mais je l’ai jamais dit, encore !

Genono : Et bah c’est le grand moment !

Sidisid : Nan, je l’ai jamais dit, personne le sait … mais je suis assez vieux pour avoir connu tous ces trucs. J’aime bien le mystère, donc je veux le garder secret. Et puis je le vis mal, en plus. Le fait d’avoir bientôt cinquante ans, c’est dur (rires).

Teobaldo : C’était pas trop compliqué d’enregistrer, à 14 ans, sans les possibilités qu’on a aujourd’hui ?

Sidisid : Nan, un mec qui avait un studio, et qui nous a dit « allez-y, faites-vous plaisir ». Y’avait pas encore internet, c’était l’époque de Jeunes, Coupables et Libres. 1999 à peu près.

Genono : Donne pas trop de dates, parce qu’on va pouvoir déduire ton âge.

Sidisid : Ouai, mais j’ai commencé à rapper à 6 ans en fait.

Spleenter : Et la connexion avec Tekilatex et TTC, elle se fait quand ?

Sidisid : On allait souvent faire des soirées en Suisse, et à l’époque, il y avait un DJ, DJ Raze, qui ne jouait que du screwed. Le screwed and choped, en France, y’a peut-être 100 mecs qui savaient ce que c’était ! Je me suis dit « qui est ce mec ? ». On aurait dit Lil Jon en blanc, tu vois ? Il jouait que du Bun B, du Three 6, j’étais halluciné. Je pensais pas qu’un mec qui jouait ça pouvait exister en Europe ! Je vais le voir, il me dit (Sidisid prend l’accent suisse, l’imitation est criante de vérité) : « Mais si, viens donc fumer une canne ». On est devenu potes, et il était connecté avec eux, parce qu’ils avaient sortit un album en screwed.

Spleenter : Ah, donc t’étais déjà dans ce délire-là ? Parce que beaucoup se disent qu’ils t’ont connu avec des clips très colorés, où ça parle de bonbons.

Sidisid : Pour l’histoire du bonbon … on a essayé de faire un single, point barre. Mais je parlais déjà de ma bite, hein. Même là, on va essayer de faire des singles, si y’a de la thune à prendre, je la prendrai. Donc ouai, l’évolution, je comprends qu’elle puisse en étonner certains.

Spleenter : Bah même moi, ça m’étonne. Quand tu me dis qu’à l’époque tu te buttais déjà à Express D … disons que ça transparait pas forcément.

Sidisid : Ah nan, ça transparait même pas du tout. C’est une époque où on écoutait Dipset, où j’allais souvent à New-York, et où je m’achetais que du XXXL violet, parce que Camron. C’est débile, mais c’est un peu ça aussi. Alors qu’au fond, ma musique est noire. Je me suis fait niquer, j’ai grandit. Ca n’arrivera plus !

Teobaldo : Apparemment t’écoutes beaucoup de mecs du Sud. On t’identifie beaucoup à Memphis, d’ailleurs t’as ramené des gens de Memphis. C’est vraiment parce que t’en as eu l’occasion, ou si t’avais pu ramener des mecs de Houston, ou d’Atlanta, tu l’aurais fait ?

Sidisid : Memphis nous a quand même bien bouffés. Au début, c’était New-York. Le deuxième Mobb Deep, le premier Wu-Tang …

Spleenter : Ouai mais nous, on est quand même plus jeunes que toi.

Sidisid : Ah ouai ? (visiblement touché dans son orgueil de vieux) Mais faut dire que j’ai commencé à écouter du rap super tôt aussi.

Spleenter : Bah alors c’est encore pire.

Sidisid : Vous avez quel âge ?

Spleenter : Moi j’ai 27.

Sidisid : Bref, nous c’était l’époque New-York. J’avais un buraliste qui importait The Source, et on y voyait les pubs des albums genre No Limit.

nolimit

Spleenter : Avec les fameuses pochettes …

Sidisid : Voila, et on avait limite honte de se dire « on va écouter ça ». Impossible, c’était trop vilain ! Et puis un jour, on est tombé sur un Three Six, et on s’est dit « putain de merde, on a loupé tellement de trucs ». Du coup on a voulu tout rattraper, on a tout bouffé. Three Six c’était le rap ! Le flow ! Mis à part Bone Thugs, y’avait qu’eux qui faisaient du ternaire. Mais y’a pas eu que Memphis ! New-York, Houston … en fait, ça dépend des périodes. Aujourd’hui, Memphis, ça existe presque plus.

Teobaldo : Pourquoi tu ramènes Project Pat et Evil Pimp plutôt que d’autres ?

Sidisid : C’est une question d’opportunités. Y’a encore deux ans, t’avais Prodigy pour 200 dollars. Ils s’en foutent, ils sont en studio, ils vont te faire un couplet qu’ils ont même pas écrit … Pour eux, c’est rien. C’est 200 dollars de gagnés, quasiment sans rien faire. Bon, c’est pas du tout la question que tu m’as posé … (rires)

Spleenter : Concrètement, la connexion avec Project Pat, Evil Pimp, Droop-E, elle se passe comment ? J’imagine que c’est par internet ?

Sidisid : Droop-E, c’est différent, parce que j’étais pote avec son frère.

Spleenter : Du coup, explique un peu qui est Droop-E, pour ceux qui connaissent pas.

Sidisid : Droop-E, c’est le fils de E-40. Et sur le coup, je savais pas. J’étais pote avec le petit, qui s’appelle E-chou (comment ça s’écrit, merde ?), je savais même pas quel âge il avait, je savais même pas que c’était le fils d’E-40. On discutait sur internet, et un jour j’apprends qui est son père … Imagine, un gros débile de fan comme moi, je me suis dit « qu’est ce que c’est que cette histoire ? ». Je me suis dit, E-40, ça va être compliqué, mais on envoie quand même des beats. Je sais qu’il en a mis certains de côté, mais après … tu peux y aller et dire « bon, Monsieur Quarante, qu’est ce que vous faites avec mon beat ? » (rires)

Spleenter : Et les deux autres, c’est pareil ?

Sidisid : Bah, tout se fait sur le net. Pour Project Pat, on est passé par le manager, un truc réglo quoi. Après, les mecs, t’aimerais les faire venir, mais tu peux pas. Project Pat, je sais même pas s’il a des papiers.

Spleenter : C’est intéressant, parce qu’on se rend compte que tout est possible, sans dépenser des sommes folles. Je te demande pas forcément la somme exacte que t’as payé, mais si t’as envie de le dire, tu le dis (notez l’approche subtile pour amadouer le rappeur et lui faire lâcher des infos).

Sidisid : J’ai payé ce qu’il y avait à payer, tout simplement parce que j’estime que c’est normal. Mais c’est un tarif misérable. Project Pat, c’est une légende. C’est comme Snoop ! Donc oui, c’est misérable. Je sais plus, mais j’ai dû le payer 200 dollars, un truc comme ça. C’est vraiment misérable.

Spleenter : Donc en fait, c’est juste que d’autres français ont pas la démarche de le faire, puisqu’apparemment, c’est possible pour pas mal de gens.

Sidisid : C’est possible pour tout le monde, je pense. Bon, là je te le dis, parce que ça va pas se faire, mais on devait avoir Camron pour le prochain album. Finalement, ça se fait pas, parce que d’une minute à l’autre, il a changé d’avis, en demandant une somme qui est devenue subitement beaucoup moins abordable.

Teobaldo : Tu disais que les mecs écrivaient même pas leurs couplets ?

Sidisid : Selon moi, hein.

Teobaldo : Du coup … je me demande un peu : c’est quoi l’intérêt ? C’est juste le fait d’avoir son nom sur ton album ? Si tu débourses 200 dollars, même si c’est très peu, et que tu sais à l’avance qu’il va te pondre un couplet médiocre …

Sidisid : Je vois ce que tu veux dire. Bah déjà, si le couplet est nul, je le mets pas. C’est déjà arrivé, si j’invite un mec sur mon album, et qu’il vient pour faire de la merde, je le garde pas. C’est normal.

Spleenter : Tu pourrais nous définir tes influences ? Parce que tu parlais de Memphis au niveau du flow, disons tout ce qui est roulements pour caricaturer un peu … est-ce que t’as d’autres trucs, par exemple au niveau ambiance ?

Sidisid : J’ai toujours bien aimé les mecs un peu techniques. J’aime bien les mecs ultra laid-back, qui s’en battent les couilles, qui rappent tellement bien que des fois tu sais pas si … comment il dit Kery James ? Ils rappent tellement bien que tu crois qu’ils rappent mal. Tu vois ce que je veux dire ? Comme Joe. Un mec comme Joe, tu sais pas. Enfin, moi je sais, mais … Quand on était en studio avec lui, l’ingé comprenait pas. Et trois semaines après, il était là « putain, mais Joe Lucazz, c’est tellement un tueur » (rires)

C’est comme Demon One ! A l’époque de « Les points sur les I » … c’était super technique. Il nous a fait une démonstration, une leçon de flow. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il arrive plus trop à … je sais pas si c’est voulu, si il a moins envie …

Teobaldo : C’est un mec qui a une aisance naturelle. Maintenant, peut-être que le rap actuel ça lui parle moins, c’est plus les mêmes ambiances, les mêmes instrus …

Sidisid : Déjà, ça a ralentit de 30 bpm. Bref, pour revenir à ta question, mes influences, ça a toujours été les mecs techniques. Pour les ambiances, tout ce qui est un peu sombre. Mobb Deep, etc, de toute façon, New-York, à la grande époque, ça a toujours été sombre. Enfin, je parle de trucs sombres, mais y’a aussi …

Spleenter : Bah, y’a Dipset aussi.

Sidisid : Oh, c’est sombre Dipset quand même. (il hésite) Enfin, maintenant que tu le dis …

Spleenter : C’est quand même très fantaisiste.

Sidisid : Ouai, c’est pas faux. C’est plus l’attitude, avec de vraies ambiances. Après, y’a pas que le rap, y’a aussi le cinéma, la bande-dessinée, etc.

Spleenter : Et si je te pose la même question, mais sur le rap français ?

Sidisid : Démocrates D, ça m’a pas mal buté. J’ai jamais écouté NTM, ça m’a toujours fait chier, IAM aussi. L’accent marseillais, c’est impossible pour moi. Sinon, y’a eu toute l’époque Time Bomb …

Spleenter : Minister Amer, pas trop ?

Sidisid : Si, mais ça me fatiguait un peu. Le côté trop freestyle, tu vois ? Mais j’ai réécouté plus tard, et oui, ça me parlait déjà un peu plus. Le délire baskets blanches, etc, j’aimais bien. Hifi, lui, il m’a bien buté. J’ai remis son album dans mon téléphone, parce que vraiment, il était trop fort. Les X-men … Bon, je pourrais t’en citer 1000.

Teobaldo : C’est surtout avant 2000 en fait.

Sidisid : En fait, après 2000, ça m’influence plus. Quand t’es déjà dans le rap, ça te parle différemment. Ca empêche pas de continuer à bouffer des influences, du Sud, de la Crunk … J’ai adoré la Crunk !

Spleenter : Du coup t’as une pensée émue pour l’évolution de Lil Jon ?

Sidisid : Apparemment, il gagnait vraiment énormément de thunes … et tant que les mecs font du pognon, ils ont mon respect.

Spleenter : Ca te manque pas un peu ? Genre Crunk Juice, tu le réécoutes aujourd’hui, ça tue toujours.

Sidisid : Je sais pas, je pense que ça a été remplacé par la Trap, tout simplement. Mais Lil Jon, attends, il faisait un single tous les trois mois. T’imagines le truc ? T’en fais un seul, déjà, t’es bien. Lui, il en a combien ?

Spleenter : Donc pour situer un peu la chronologie de Butter Bullets … En gros, y’a eu toute la période où vous étiez plus ou moins affiliés à TTC, ensuite une grosse pause, et ensuite le retour avec Chiens. C’est ça ?

Sidisid : C’est à peu près ça, oui.

Teobaldo : La « pause », tu l’expliques comment ? C’était un ras-le-bol, ou quelque chose de pas vraiment prévu, ou … ?

Sidisid : Y’a un peu des deux … Après cette période un peu inactive, je suis venu vivre ici (Paris), et puis la rencontre avec Alkpote, c’est ce qui nous a donné une certaine crédibilité.

Genono : Donc la raison de ta venue à Paris, c’est uniquement la musique ?

Sidisid : Ouai. C’est pas que ce soit déplaisant d’habiter en Province, mais au bout d’un moment, t’avances pas. Et puis franchement, dans une petite ville, tu te fais chier. A Paris, si t’arrives à t’ennuyer, c’est vraiment que t’es un fainéant et que t’as rien envie de faire.

Teobaldo : … ou que t’es pauvre.

Sidisid : Ouai, aussi. Mais je travaille hein, c’est pour ça que j’ai de l’argent !

Spleenter : C’est vrai que tu peux aussi avoir cette image de « gosse de riche » …

Sidisid : C’est vrai, alors que pas du tout … On me prête souvent ce côté « blanc, bourgeois, qui s’encanaille », mais si quelqu’un me cherche dans la rue, je vais le taper ! Je suis pas une caillera, mais je m’encanaille pas.

Je viens d’une famille nombreuse, on a manqué de rien, mais on a jamais roulé sur l’or non plus. On le doit à mon père, qui a toujours travaillé dur. Personnellement, j’ai jamais eu spécialement de thunes. Enfin, j’ai toujours travaillé pour en avoir. Mais je pourrais aussi décider de ne pas travailler, et de vivre uniquement du rap ! Bon, ce serait pas évident, mais y’en a plein qui le font. Tu les connais, la plupart le font. Mais moi j’ai un rythme de vie qui fait qu’il faut que je travaille ! Et puis, si je travaillais pas, je me ferais chier …

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Spleenter : Faut payer les Ralph Lauren !

Sidisid : Bah, faut tout payer, en vrai ! Et puis j’ai pas envie de me priver. J’aime le bon whisky, j’ai pas envie d’aller chercher des bouteilles de sous-whisky qui t’arrache le foie chez l’épicier.

Genono : On parlait de ta famille juste avant … Quel regard portent tes parents sur ta musique ?

Teobaldo : Bah ils sont pas au courant ! (rires)

Sidisid : Comme je viens d’une famille un peu nombreuse … je vais pas dire que je suis le moins intéressant, mais rien que mon grand-frère, il est Docteur en physique, le plus haut niveau d’études en France. J’ai une sœur qui est productrice de porno. J’ai une sœur qui fait de la danse classique … et bref, moi, au milieu de tout ça, je fais du rap. Mon père, ça l’intéresse pas trop, par contre ma mère, elle comprend tout. Quand on était ados, on mattait des films ensemble, des dessins-animés, elle comprenait tout. Tout ce à quoi je m’intéressais, elle essayait d’aller voir pourquoi je m’y intéressais. Bon, après, concernant la musique, elle me dit « j’ai écouté ton album … j’aime pas tout hein ! » (rires)

Mais elle est fière, même si y’a pas vraiment de raison de l’être. Elle est fière que son fils fasse quelque chose, et même si je faisais de la merde, je pense qu’elle en serait fière quand même.

Teobaldo : De toute façon, quand t’as un gamin qui est Docteur en physique, les autres peuvent bien faire ce qu’ils veulent …

Genono : C’est pas lui le plus perturbé !

Sidisid : (rires) Sa passion c’est la physique, bon, c’est un truc que j’arrive pas à comprendre, mais lui non plus, il doit pas comprendre qu’on essaye de faire rimer des trucs.

Teobaldo : D’où vient le blaze « Butter Bullets » ?

Sidisid : Je sais même pas …

Spleenter : Dans un morceau tu dis « J’suis le Hitman du rap, Gotham City », et un autre où tu parles d’Heath Ledger …

Sidisid : … est-ce que j’aime bien Batman ?

Spleenter : Voila.

Sidisid : (il hésite) Heu … putain, je vais me faire taper (rires). J’aime bien, mais c’était plutôt quand j’étais gamin. Les Marvel …

Spleenter : Mais tu suivais pas la série animée ?

Sidisid : Nan.

batman sidi

Spleenter, Teobaldo et Genono, en chœur : BOUUUUUUH

Teobaldo : Donc tu prendras pas la Lambo, Morray ?

Sidisid : Nan, je prendrai pas la Lambo ! (rires) Mais j’ai vu les films … le dernier, j’ai crié au scandale. Mais les films Batman, j’ai jamais trouvé ça ouf.

Spleenter : Même le Tim Burton ?

Sidisid : Bah je l’ai revu récemment, donc non, je pense que ça mal vieilli, tout simplement. Je l’avais déjà vu à l’époque, mais ça m’avait pas spécialement marqué. Faut dire que Tim Burton, il est … Déjà, il a massacré La Planète des Singes, donc à partir de là …

Spleenter : C’était une grosse commande des studios, il en a fait de la merde. D’ailleurs, pour l’anecdote, il aurait voulu faire une scène d’amour entre la meuf-singe et Mark Wahlberg. Sauf que les studios lui ont dit « tu vas te calmer tout de suite ».

Sidisid : Tu me diras, ouai …

Genono : Ca aurait été cool.

Sidisid : Nan mais c’est surtout la fin qui était aberrante. Je vais faire l’intello de merde, mais la fin du film, c’est l’inverse de la fin du livre. Ca m’avait choqué.

Spleenter : Et même Batman 2, avec Le Pingouin ?

Sidisid : Les super-héros, en fait, ça me parle pas trop.

Spleenter : Si c’est pas pour les super-héros, ça peut être pour les super-méchants.

Sidisid : Si, justement, j’aime pas trop les gentils dans la vraie vie.

Teobaldo : Batman, il a un côté sinistre, c’est pas forcément le gentil de base.

Sidisid : Nan mais j’aime Batman ! C’est juste que je suis pas à fond dedans. Je suis pas Seno quoi !

Teobaldo : On parlait de ton image un peu « blanc, bourgeois », mais t’as aussi un peu ce côté geek, un peu Otaku. Tu t’y connais en mangas, ou en comics ?

Sidisid : Les comics, pas du tout. Les mangas, j’ai suivi quelques trucs, mais je m’intéresse pas à tout. J’ai surtout lu les trucs dont je suis réellement fan, comme Akira, ou Ghost in the Shell. J’ai lu Dragon Ball, comme tout le monde, mais les gros trucs, maintenant, c’est quoi ? Naruto ? Jamais de la vie, je peux pas lire ça.

Spleenter : Dans C’est pas la peine, tu parles de Chihiro et Totoro, c’est un truc super gentil.

Sidisid : Ouai, c’est marrant … Qu’est ce que je dis déjà ? Un truc homophobe encore, nan ?

Spleenter : « C’est plus la peine d’être cool avec ses potes homos, plus la peine de lui faire croire que t’aimes Chihiro et puis Totoro »

Genono : A propos d’Akira, vous avez balancé le clip à Tokyo en même temps que la sortie de « Tokyo », de Joke … C’était fait exprès, pour le faire chier ?

Sidisid : Exactement ! (rires) En plus, si on avait voulu le faire bien, on aurait fait un vrai clip … là, on a filmé avec un téléphone portable. En plus, on l’a balancé quelques jours plus tôt, clairement pour le faire chier.

Genono : D’ailleurs, Kevin El-Amrani, c’est un peu votre Chris Maccari à vous ?

Sidisid : Ouai, en plus, avant de le connaitre, je confondais les deux. Je lui ai jamais dit, il va me détruire ! (rires) Kevin, c’est mon pote. On est devenu potes par le biais de la musique et des clips, mais aujourd’hui, c’est vraiment mon pote. Je pourrais te raconter tellement d’anecdotes sur lui … Le clip de Chiens, par exemple. On s’était déjà vu, mais on se connaissait pas encore vraiment. On tournait le dimanche, et je l’appelle le samedi pour voir s’il est prêt. Il sortait du ciné, il me dit « j’ai pris de la MD, mais t’inquiètes c’est cool » … Le lendemain, on partait super tôt, parce qu’on voulait avoir l’éclairage un peu dégueulasse d’un début de journée. On dirait pas, mais le tournage s’est fait dans le 91. Kevin est arrivé à l’heure, mais complètement … il parlait pas trop quoi. Il partait tout seul, il allait filmer des champignons … Après-coup, il m’a dit « Chiens, c’est un de mes clips préférés, mais je l’aurais jamais fait si je m’étais pas drogué » (rires). Mais c’est vrai qu’il y a une ambiance vraiment bizarre …

Genono : Déjà, tu vois Alk en uniforme, tu dis « wow »

Sidisid : Voila, tu sais pas trop en quoi il est déguisé … et puis c’était même pas prévu, on a pris des trucs un peu au hasard, il a vu l’uniforme, il a fait « ouai, ça c’est bien ». C’était chaud, en plus on a sortit le clip le jour de l’armistice.

Spleenter : Y’a les Orties aussi dans le clip …

Sidisid : Ouai, elles sont arrivées après, elles étaient là … Bon, c’était marrant.

Genono : La connexion avec Alkpote, elle s’est passée comment ?

Sidisid : Je faisais un déménagement pour une copine, et un pote d’un pote d’un pote à lui était là, et il avait un t-shirt Alkpote. Donc j’ai discuté avec lui, et il me dit « attends, mais je le connais Alk, je te connecte avec lui ». Il lui a filé mon numéro, on s’est appelé … C’était un peu bizarre, parce qu’on s’est entendu direct. Il m’a fait venir au studio « Le Bunker », aux Pyramides. J’ai déjà vu des trucs chelous, mais ce studio … T’arrives là-dedans à une heure du matin, en plein milieu d’une cité dont t’as déjà entendu parler aux informations, y’a cinquante mecs qui sont là … dont deux blancs. Bon, les mecs là-bas sont géniaux, mais sur le coup, bêtement, ça fait un peu bizarre.

Je devais faire mon couplet pour La Crème de l’Ile de France, et je suis passé à 7h du matin … Y’avait tellement de monde, et je suis passé en dernier. J’en pouvais plus, j’étais fatigué, j’étais défoncé … Alkpote vient me voir, et me dit « c’est à toi ». Impossible, je réponds « nan, je reviens demain, là je suis pas en état ». Il se lève, il va me chercher un verre de sky, il me dit « bois ! » (rires)

Finalement, j’y suis allé, j’ai fait un couplet super caverneux, j’y suis vraiment pas allé avec le dos de la cuillère. Ca parle du diable, et tout … Et là, plus un bruit. Tous les mecs me regardent, un peu abasourdis, et je me dis « putain, mais qu’est ce qu’il se passe » … 7 heures du matin, entouré de mecs que je connais pas, avec Alkpote à côté, dans ma tête j’étais dans un manga. Je finis mon truc, je sors de la cabine, et là les mecs tapent dans les mains, « putain, t’as tué », Alkpote qui me tape sur l’épaule en disant « alors, mon petit diablotin » (rires).

Teobaldo : T’as quand même beaucoup de phases sur la bouffe … « J’te graisse la patte comme un macaroni »

Sidisid : (rires) Elle est vraiment nulle en plus !

Teobaldo : « Les rappeurs poussent de partout comme des haricots »

Sidisid : Ouai mais ça …

Teobaldo : Ah, t’as quand même « haricot » ! (rires)

Sidisid : Nan mais souvent, y’a plein de gens qui … j’aime bien lire les commentaires, comme Rohff, et …

Teobaldo : Toi, tu vas avoir des problèmes !

Sidisid : … et souvent, les mecs disent « putain mais il raconte n’importe quoi ». Mais pour revenir à « les rappeurs poussent de partout comme des haricots », c’est une rime en rapport avec Darry Cowl (de son vrai nom André Darricau) que je cite juste avant.

Teobaldo : Peut-être aussi que les mecs ne savent pas qui c’est.

Sidisid : C’est vrai, je cite plein d’influences, je me rends pas toujours compte que les gens n’ont pas forcément les mêmes que moi.

Teobaldo : Mais y’en a plein d’autres sur la bouffe : « je dois faire de l’oseille, nique sa mère les épinards » ; « rafale de couscous » …

Sidisid : Rafale de couscous, c’est sur le morceau avec Seth Gueko, nan ? Je me suis adapté.

Teobaldo : Ouai, mais tu peux pas t’empêcher d’y foutre de la bouffe : tu reprends sa phase en disant « tête de Justin Bieber, zgeg de Justin Bridou ».

Sidisid : C’est pareil, c’est adapté à mort. J’aime bien m’adapter sur les featurings, et puis là, Seth Gueko … Genre bite-man, à la base dans mon texte c’était Batman. Et Seth me dit « mais nan, mais Bite-man, c’est cool ».

Spleenter : T’aimes bien faire référence à Justin Bieber, mais en disant à chaque fois un truc très sale derrière.

Sidisid : Bah j’aime bien prendre les commentaires, ou les remarques des gens, et les casser.

Spleenter : « J’ai bourré vos ex, puis vos demi-sœurs, sur du Bieber »

Sidisid : Je joue beaucoup avec les remarques des gens. Les critiques sur le flow, ma voix, etc, c’est une chose. Mais y’a aussi beaucoup de commentaires sur mon physique, ma coupe de cheveux, etc. Donc j’aime bien retourner le truc, j’en joue énormément.

Teobaldo : Sur Peplum, tu fais poser Joe Lucazz sur un sample de 300. Tu savais, à ce moment-là, qu’il avait déjà posé sur ce même sample ?

Sidisid : On lui a proposé, et c’est lui qui a choisi celui-là. Mais il est travaillé différemment, charcuté à mort … Mais c’est cool de retrouver ce genre de petite référence, j’aime bien. Après, est-ce que sur le moment on a pensé à ça … franchement, je sais plus.

Teobaldo : Peut-être que lui-même avait oublié.

Sidisid : Il lui reste quand même un peu de mémoire, à Joe !

Teobaldo : Ca dépend quelle heure il était.

Sidisid : Au début ça allait. A la fin … (rires) J’ai eu la mauvaise idée, ou la bonne, je sais pas, de venir avec une bouteille de Jack.

Genono : Quand je tape « Sidisid » sur Google, la première suggestion est « Prison ». Est-ce que tu es le Adebisi français ?

Sidisid : Qui est Adebisi ?

sidi pri

Genono : Dans Oz, le grand renoi avec le petit bonnet sur le côté.

Sidisid : L’handicapé ?

Genono : Nan, ça c’est le narrateur.

Teobaldo : C’est vraiment le grand renoi, nigérian, qui est incarcéré parce qu’il a décapité un mec à la machette en pleine rue.

Spleenter : Il encule un italien à un moment.

Sidisid : Je sais plus … Je regardais ça quand ça passait sur Série Club, ça fait des années. Et j’ai pas tout vu. Je me rappelle surtout du gang de nazis.

Spleenter : D’ailleurs le chef du gang de nazis encule aussi un italien.

Teobaldo : En somme, ça s’encule beaucoup.

Sidisid : Bon, en gros, tu voulais savoir si j’ai fait de la prison ?

Genono : Ouai, enfin, on sait que non, c’est surtout : pourquoi cette suggestion ?

Sidisid : Mais je sais pas ! J’ai regardé, et j’ai trouvé ça drôle, mais j’en sais rien !

Teobaldo : Peut-être des gens qui veulent t’envoyer en prison, pour ta street-cred.

Sidisid : Bah j’espère ! J’ai une équipe derrière qui est super efficace, mais par contre, ils me mettent pas au courant de tout. Nan, franchement, j’ai aucune idée de ce truc. Après, je sais que j’ai un pote qui s’amuse à mettre des commentaires sur mes vidéos, et il met n’importe quoi. Il change de nom à chaque fois, et justement, la dernière vidéo, il a marqué que j’avais fait trois mois de prison, et que j’étais ressortit juste pour le clip … Du grand n’importe quoi. Mais sinon, j’ai jamais fait de prison. De la garde à vue, oui, 24h, un truc de pédé quoi.

Genono : T’as fait beaucoup de feats avec Radmo. Vous êtes toujours connectés ?

Sidisid : Ouai.

Genono : Un projet commun, c’est possible ?

Sidisid : Nan. C’est mon pote, y’a pas de soucis. C’est pas méchant, on essaye de le faire croquer un petit peu … mais ça s’arrête là. Pas que j’ai pas envie, mais j’ai pas forcément le temps. Ecrire, c’est relou, ça me fait chier … Les gens qui me disent qu’ils aiment bien écrire, à part Abd al Malik, j’y crois pas.

Teobaldo : Du coup, t’écris comment ?

Sidisid : Dans le métro. J’ai une facilité dans les transports, c’est bizarre. Mais chez moi, je vais jamais écrire … je prévois jamais de le faire, en me disant « aujourd’hui, il faut que j’écrive ».

Teobaldo : Tu disais qu’il n’y avait pas vraiment de place pour des rappeurs blancs … comment tu perçois le travail d’un rappeur comme Orelsan ?

Spleenter : Oui, est-ce que tu considères qu’il vole ton travail ?

Sidisid : (rires) Lui et Agonie, ils volent mon travail ! Non, pas du tout, parce qu’Orelsan a toujours prôné le fait d’être un looser. Moi, je me suis jamais dit « putain, je suis trop une merde » … c’était quoi la question déjà ?

Teobaldo : Tu disais qu’il n’y avait pas de place pour les rappeurs blancs …

Sidisid : Y’en a eu après !

Teobaldo : Des rappeurs blancs, y’en a toujours eu : Akhenaton, Kool Shen … Après, des mecs qui sont un peu alternatifs, qui ne sont pas dans le rap de rue, de cité, ou dans le rap un peu revendicateur … Orelsan a été le premier à vraiment péter, à ce niveau-là. Tu penses qu’il a permis de changer des choses ?

Sidisid : Je me suis jamais vraiment posé la question … De toute façon, il a rien changé pour moi. En fait, je vois même pas ce qu’il fait … Je pense que c’est un mec cool, et même qu’on pourrait être potes. On aurait même pu faire des morceaux ensemble ! Aujourd’hui, non, parce qu’on est dans des univers trop différents.

Genono : A propos d’Orelsan, c’est marrant parce que vous avez sortit quasiment le même morceau au même moment : Saint-Valentin.

Sidisid : Et pourtant, à l’époque, je savais pas qui c’était. Peut-être que lui et moi, on est la même personne. Orelsid !

Genono : Il te manque les disques d’or quoi.

Sidisid : Ouai, mais est-ce qu’il dort bien le soir ? Je suis pas sûr. Mais bon, je respecte son oseille !

Teobaldo : De toute façon, malgré tout son argent, y’a un truc qu’il ne pourra jamais s’acheter : un dinosaure.

(rires de toute l’assemblée, la foule est en délire, les fans hurlent « Teobaldo le peuple aura ta peau »)

Teobaldo : … c’était une réplique de Homer Simpson.

(s’en suit une discussion sur Homer, pas forcément passionnante pour toi lecteur)

Teobaldo : Dans Seul à la maison, tu parles de Macaulay Culkin et des sœurs Olsen ? T’aimes bien le côté maigrichon, pâlichon …

Sidisid : … drogué ? (rires)

Genono : Le clip de Seul à la maison, ça t’a fait gagner en visibilité ? Ou du moins, ça t’a apporté un public différent ?

Sidisid : Pas spécialement … déjà, il a été censuré. La vidéo est bien gore, mais j’avais pas envie de faire une version soft exprès pour Youtube et Dailymotion.

Genono : Et pourquoi ce morceau en particulier, et pas un autre ?

Sidisid : C’est le côté « je suis tout seul chez moi, ma copine est en voyage … ». Et puis, n’importe quel rappeur a envie de faire un clip avec des actrices porno ! C’est un peu un classique. Après, en France, je sais pas si beaucoup de monde l’a fait …

Teobaldo : Y’a eu Rap Intégral, mais c’était pas juste un clip. En gros, les mecs faisaient la BO d’un film porno, tout simplement.

Sidisid : Ouai, c’était marrant.

Teobaldo : Y’a eu un clip avec Joe Lucazz et je sais plus qui …

Sidisid : Y’a eu Abuz, Ricardo Malone. J’aimais beaucoup toute cette équipe, même s’ils avaient peu de visibilité. Y’avait Stor-K, c’est pas lui qui avait fait ce truc en dessin-animé ?

Teobaldo : Père Castor ? Nan, ça c’est autre chose. Sans transition, tu fais aussi un coming-out dans ton intro, où tu parles de Snooki qui mange des cookies.

Sidisid : J’aime bien Snooki ! Ce côté vraiment … Amérique quoi ! Elle est géniale, complètement aberrante, tout le temps bourrée au champagne … J’aime bien.

snooki

Teobaldo : Nirvana, c’est un hommage à Doc Gynéco ?

Sidisid : Nan, c’est même pas un hommage, c’est juste que c’est un son qui m’a marqué. J’ai toujours eu envie de faire un son sur le suicide, mais je me sentais pas de le faire tout seul, donc j’ai invité votre ami Metek. Après, ouai, on peut peut-être parler d’hommage, je sais pas trop. Première Consultation, c’est peut-être le meilleur album de l’histoire du rap français.

Teobaldo : Et pour Repose en Paix ?

Sidisid : Bah c’est marrant, on me fait souvent le rapprochement avec Booba. « T’es le Booba blanc » (rires)

Spleenter : Fais gaffe, parce qu’il y en a qui disent pareil à Fababy …

Genono : Qu’il est le Booba blanc ?

Sidisid : (rires) Nan mais c’est bizarre, même dans l’interview de Booba par Ragemag, le mec lui dit « tu connais Sidisid ? C’est un peu toi, mais en blanc ». Il dit « nan », et une semaine plus tard, il passe sur une radio lyonnaise, et le type en face lui redit « tu connais Sidisid ? C’est un peu toi, mais en blanc ». Il dit encore « nan », sauf qu’en fait, il doit nous connaitre, parce qu’on lui envoie des trucs. Il nous boycotte ! Ah, c’est génial comme titre pour votre interview ! « Nous sommes boycottés par Booba » (rires).

Teobaldo : Maintenant, si tu veux faire du buzz, il faut que tu insultes Rohff.

Sidisid : Mais j’ai insulté personne ! J’aime bien Booba, j’aime bien Rohff !

Genono : Toujours à propos de Repose en paix, t’as pas eu de retours négatifs sur la phase sur Lady Dielna ? Genre des plaintes d’associations pour les handicapés ?

Sidisid : Nan, mais j’aurais bien voulu ! En fait, on la connaissait Lady Dielna. En l’écrivant, je trouvais ça cool, puis quand est venu le moment de l’enregistrer, je me suis dit « putain, est-ce qu’elle va bien le prendre ? ». C’est une fille super intelligente, donc je me suis dit qu’elle allait comprendre le truc. Finalement l’album sort, et le jour-même, Dela m’appelle et me dit « va vite voir le facebook de Lady Dielna » … elle avait marqué un truc genre « merci pour la dédicace, c’est chanmé », j’étais super soulagé. Je reconnais que la rime est un peu dark, mais j’ai énormément de respect pour elle. Et c’est marrant, parce que tout le monde a été un peu choqué, sauf elle. Et le morceau, elle le connait par cœur, ça lui a fait super plaisir … donc c’est encore plus cool. Mais je crois que je l’aurais pas fait si je m’étais dit qu’elle pouvait mal le prendre. J’aurais dit autre chose à la place … « ça creuse, comme Rohff » (rires). J’essaye de dire du mal de lui, mais j’y arrive même pas. J’aime bien Rohff, et c’est surtout Dela. Dela est un grand fan de Rohff ! La mixtape qu’il avait fait, avec des faces B … Le cauchemar du rap français ! Ca défonce ! Après, ce qu’il fait sur ses derniers albums, je pense juste que c’est pas pour nous. « Nous », c’est-à-dire les mecs qui écoutent du rap depuis plus de dix ans. Son écriture, c’est plus possible, on dirait un petit de cité … ça a toujours plus ou moins été le cas, mais avant au moins, il nous faisait rire.

Teobaldo : Dans Dernière Séance, tu dis « pas besoin d’être espagnol pour te dire ça franco » …

Sidisid : Elle est vraiment nulle celle-là, tu sors que mes phases les plus pourries, enfoiré ! (rires). C’était sur le morceau avec Seth Gueko, comme je te disais, je me suis adapté.

Teobaldo : Tu veux dire que Seth Gueko est nul ?

Sidisid : Nan, pas du tout … La question, c’est pourquoi j’ai fait une phase aussi nulle ?

Teobaldo : Nan nan, c’est : est-ce que Franco est une référence pour toi ?

Spleenter : Et : est-ce que tu parlais de James Franco ?

Teobaldo : Oui, est-ce que tu as vu Spring Breakers ? Est-ce que tu t’identifies au personnage ?

Sidisid : Est-ce que je peux répondre juste avec un mouvement de doigt ?

Teobaldo : On fera un montage, on dira que c’était pour Rohff.

Spleenter : Du coup, tu dois pas aimer Riff Raff non plus ?

Sidisid : (rires) … mais pourquoi ? Ca n’a rien à voir.

Boromir_Facepalm

Spleenter : Le personnage de James Franco lui ressemble. Nan mais plus sérieusement, t’aimes bien son délire ? Le fait qu’il soit autant …

Sidisid : … drogué ?

Spleenter : (rires) Nan, surtout le fait qu’il soit autant à fond sur son image.

Sidisid : Ouai, bah en fait Riff Raff, c’est Swaggman. On serait aux Etats-Unis, Swaggman ce serait une star ! Il sait pas rapper, mais je peux te trouver des dizaines de mecs qui vendent des singles aux US et qui savent pas rapper. Souljah Boy, c’est quoi ? Il sait toujours pas rapper. La différence, c’est qu’il a eu Mr. Collipark derrière lui. Si en France, un gros producteur décide de s’occuper de Swaggman … Sauf qu’en France, y’a pas de gros producteur.

Spleenter : Y’a DJ Kore.

Teobaldo : Nan mais pas gros sur la balance.

Spleenter : Il a quand même inventé le reggaeton français. C’est lui le Rai’n’B !

Genono : Bon, maintenant qu’on a bien rigolé, tout ça, on peut parler de Fauve ? Qu’est ce que c’est que cette légende, comme quoi tu aurais écrit pour eux ?

Sidisid : A votre avis, je l’ai fait ou pas ?

Spleenter : Ca me paraitrait un peu bizarre …

Sidisid : Nan mais le pire, c’est que si ça se trouve, on sait tous qui c’est. C’est peut-être même un pote à nous. Si ca se trouve, Fauve, c’est Hype !

Genono : Ca, c’est un bon titre d’interview : « Fauve, c’est Hype »

sidisid interview

Sidisid : Nan mais j’ai rien dit de méchant !

Teobaldo : Là, on a rien dit du tout, t’es parti tout seul.

Sidisid : Nan mais c’est pour prendre le truc à l’opposée … Selon moi, ça n’existe même pas, Fauve. Et je dis que j’aurais pu écrire pour eux parce que … leurs textes, c’est ce que t’écris quand t’es aux chiottes. C’est absurde, y’a aucune rythmique, y’a rien. Ce qui est chiant, quand t’écris un couplet, c’est qu’il faut que ça sonne bien, que ça rebondisse. Si c’est juste écrire des couplets, y’a rien de compliqué, je peux t’en écrire 1000. Mais il faut une rythmique ! En plus, si c’est pour parler de ta dépression parce que ta meuf est partie, mais que t’es à moitié pédé, et que t’as une mobylette … je pourrais te faire des freestyles de fou !

Teobaldo : A propos de Hype, sur le remix de Une balle dans la tête, y’a une instru différente pour chaque couplet … chacun a choisi le morceau qu’il voulait ?

Sidisid : Nan, c’est nous qui avons choisi.

Teobaldo : Ah, donc c’est toi qui as dit à Jack Many « toi t’auras Sippin on Syrup » …

Sidisid : Ouai, et puis il faisait référence dans son couplet. Mais on lui a même pas dit. Je leur avais juste demandé de rapper sur la boucle de l’originale, mais par contre je les avais prévenus qu’on allait massacrer le truc. On voulait faire un truc un peu à la Grand Banditisme Paris, un truc qui part dans tous les sens.

Teobaldo : Dans Marc Jacobs, y’a une phase que j’ai pas compris …

Sidisid : Y’en a tellement, moi-même y’en a certaines que je comprends pas.

Teobaldo : Ouai mais moi je suis plus intelligent que toi.

Sidisid :

Teobaldo : Par contre celle-là, je comprends vraiment pas : « Allez l’OM ou Alléluia, c’est la même merde »

Sidisid : C’est pour dire que je m’en fous de la religion, et que je m’en fous du foot. Je crois pas en Dieu, et je regarde pas le foot, tout simplement.

Teobaldo : Tu crois pas en Zidane non plus ?

Sidisid : Seulement dans les arrêts de jeu.

Genono : La tape « Bullet Time », qui est disponible sur les internets, c’est un truc à vous, ou c’est l’œuvre d’un fan ?

Sidisid : Je sais pas … c’est un bootleg ?

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Bullet Time by Rossim on Mixcloud

Genono : Ouai, un mec qui a récupéré des sons à droite-à gauche, y’a de bons trucs dessus.

Sidisid : Franchement je sais pas, je l’ai jamais écouté. En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’on est pas derrière ça.

Genono : T’as pas touché d’oseille dessus quoi.

Sidisid : (rires) Nan, je crois que je le saurais !

Teobaldo : Au niveau des feats, c’est très disparate. Y’a des mecs que t’aurais aimé avoir en feat, et que t’as pas pu avoir ?

Sidisid : Aux US, oui, y’en a plein, parce que c’est pas forcément très accessible. Mais en France … je pense qu’on va bientôt avoir fait le tour des gens avec qui on a envie de travailler. En dehors du rap, si on parle de vraie musique, j’aurais bien aimé faire un morceau avec Souchon. Mais dans le rap, en France …

Genono : Justement, tu disais avoir fait pas mal de morceaux avec Alkpote, c’est des trucs qu’on pourra entendre sur les prochains projets, ou c’est destiné à mourir au fond d’un disque dur sans jamais voir le jour ?

Sidisid : Je sais pas, je suis pas sûr que ça sorte … Après, Alk c’est un mystère. Il voulait une avance, moi je préférais sortir des trucs gratuitement, un peu à l’américaine.

Genono : Du coup, Ténébreuse Musique c’était censé devenir quelque chose ?

Sidisid : Pas vraiment, c’est nous quoi, c’est notre truc, on avait commencé pas mal de choses. Y’avait notamment un track avec Katana, LMC, La Comera … Le morceau doit dormir quelque part, je sais même pas qui l’a. Et puis, je peux pas dire « je prends le morceau, je le sors », alors que je connais pas spécialement les mecs de La Comera, et qu’ils n’ont pas forcément envie de se retrouver sur un projet qui n’est pas celui d’Alk. Mais on aurait aimé que ça fonctionne, je pense qu’il y avait de la demande, la combinaison était cool. J’aurais pu être le Alk blanc ! (rires)

Teobaldo : Plus que le Booba blanc, oui c’est sûr.

Sidisid : Mais l’entente s’est faite assez facilement, parce que j’étais un peu sa caution « conneries », dans le sens où il hésitait parfois à écrire des trucs, et moi je le poussais en lui disant « vas-y, plus c’est con, mieux c’est ». Alk, il est quand même vachement hardcore. Moi, je suis pas hardcore … je dis des trucs bizarres, mais lui, il part vraiment dans des trucs dégueu.

Teobaldo : « J’vais te fister le cul avec le museau d’un labrador … »

Sidisid : L’histoire autour de ça … A l’époque, y’avait des vidéos de cul qui tournaient dans leur bloc … et Alk aimait bien les trucs un peu bizarres quoi (rires). Ils avaient tous des vidéos un peu bizarres, et donc y’avait une vidéo, comme ça, avec du fist-fucking avec des museaux de labradors. Et Alk, il te raconte ça genre « trop bien, fist-fucking avec un museau de labrador ! » … et toi t’es là, tu te dis « mais c’est vraiment débile, putain » (rires). Je crois qu’il y avait aussi des trucs avec des têtes de chats rentrées en entier … des chats vivants, hein !

alkpote noisey

Genono : Y’a un vieux morceau à toi, époque « Ok cool », qui s’appelle « Souvenirs », que personnellement j’aime beaucoup, qui est autotuné du début à la fin. C’est quelque chose que t’as jamais refait par la suite, pourquoi ?

Sidisid : Bah … je sais pas trop.

Genono : Ca te parle plus ?

Sidisid : Si … je crois que l’autotune a eu deux vies, en fait. Y’a eu la période T-Pain, et y’a maintenant, où c’est utilisé différemment, et où les cailleras s’en servent pour dire des trucs hardcores. Avant, c’était quand même plus gai.

Spleenter : Dans « Titanic », tu dis « j’ai l’air de rien, tu t’attendais pas à ça », et à un moment, sur twitter, tu nous avais dit « c’est marrant, je pensais que vous détestiez ma musique ». Est-ce que tu peux développer un peu ? T’as des complexes ?

Sidisid : Nan, mais je pensais juste que ça vous intéressait pas.

Spleenter : Mais alors, en gros, tu vois comment ton public ?

Sidisid : Je sais pas … je me rends pas trop compte en fait.

Teobaldo : Mais t’as pas fait des scènes dernièrement ? Tu vois pas les gens qui sont dans la salle ?

Sidisid : Bah, pas spécialement en fait. Faire des scènes, ok, mais je me vois pas sur un plateau avec Joke et je ne sais qui. C’est soit tu fais du boum-bap à la con, dans un espèce de crew géant avec 100 groupes, donc pas moi, soit t’es un gros, avec une grosse exposition, et tu fais des gros trucs, donc pas moi non plus. On est au milieu de ça, c’est un peu galère.

Spleenter : Tu disais aussi que « châtiment » et « une chatte qui ment », c’était une bête de rime … c’est quoi, le style de rime qui te plait ?

Sidisid : J’ai vraiment dit ça ? (réellement surpris) J’aime bien les rimes hyper compliquées, ou alors les rimes hyper faciles. Les multi, j’en fais de moins en moins, parce que depuis Rap Contenders ça s’est vraiment démocratisé, et maintenant tout le monde en fait.

Teobaldo : Le problème des multi, c’est que c’est trop souvent forcé. Sir Doums, Dany Dan dans une certaine mesure, le faisaient bien. Regarde Akhenaton, dès qu’il commence à le faire, tu sens que c’est hyper forcé. Du coup, ce que tu gagnes en technique, tu le perds en flow. C’est pour ça qu’aujourd’hui je préfère écouter des mecs qui ne font plus du tout de multi. Quand j’écoute Juicy P par exemple, je sais jamais comment ça va retomber. Il serpente, et bim, la rime arrive au moment où tu t’y attends le moins. Là, au moins, t’es surpris, il t’a envoyé un truc.

Sidisid : Mon style est un peu plus bordélique. Alk, par exemple, il peut garder un flow sur un couplet entier. Moi, il faut que ça change, même quand je me dis qu’il faut que je garde un même flow sur tout un couplet, je n’y arrive pas. J’essaye, je me dis que ça peut être marrant de reprendre le même gimmick sur tout un morceau, mais j’y arrive pas. Je crois que je m’ennuie. Le problème en France, c’est qu’un mec qui fait de la multi, on va te dire « ouah, il est trop fort » … mais non ! Une fois que t’as trouvé ton truc, t’as plus rien à faire. Juste, tu comptes tes syllabes, et tu remplis avec des mots. Rien d’autre !

Teobaldo : Ce que je comprends pas, c’est que ça existe depuis plus de dix piges. La Caution faisait ça, mais ils avaient le flow qui allait avec ! Salif, pareil ! Et aujourd’hui, on dirait qu’ils découvrent un truc révolutionnaire.

Sidisid : Je sais pas, après c’est comme nous avec la Three Six … est-ce que c’est pas un peu le même chemin ? En vérité, je me pose pas trop la question, j’écoute pas ces gens-là, vous non plus d’ailleurs. A part Genono, peut-être (rires).

Genono : Moi j’écoute que Canardo, laissez-moi tranquille.

Teobaldo : Canardo, je kiffe pas, mais au moins il a son truc. J’ai pas l’impression d’avoir déjà entendu cinquante mecs rapper comme lui.

Sidisid : Ouai Canardo encore, je peux comprendre. Canardo, c’est Stromaë, c’est la même chose. C’est des mecs qui ont une ouverture, qui découvrent un peu la pop, le pognon, mais qui continuent à te parler de shit. Enfin, ils n’ont rien inventé non plus … qui peut dire qu’il a inventé quelque chose, dans la musique ? Enfin, je vous apprends rien. Le dernier à avoir réellement innové, c’est Mala. A quel moment il s’est dit « je vais faire un album complet avec que des samples de transe et de l’autotune » ?

Teobaldo : C’est là que tu vois qu’il avait de l’avance. Il l’a fait cinq ans avant les américains … pas qu’il les ait influencé, parce que personne là-bas n’a jamais entendu parler de lui, mais il a quand même eu l’idée avant eux.

Sidisid : Mala … on devrait faire un truc avec lui, mais j’en dis pas plus pour le moment.

Spleenter : Et Kaaris ?

Sidisid : J’aime beaucoup Kaaris, donc oui, ça me plairait, mais ça me semble plus difficile à choper.

sidi kaaris

Spleenter : Est-ce que tu penses qu’il est le Sidisid noir ?

Sidisid : (rires)

Teobaldo : T’as pas trop de mal à t’adapter aux ambiances sombres, un peu noires, t’as jamais essayé avec Escobar Macson ? (Butter Bullets et Escobar Macson partagent le même manager)

Sidisid : Je pense que ça se fera. Après, même si on se connait de loin, on est pas non plus très proches.

Teobaldo : Je pense qu’une connexion de vous deux, avec vos univers très différents, il peut se passer un truc. Ce sera pas une chanson d’amour, c’est sûr, mais ça peut donner un truc vraiment intéressant. Quoique, une chanson d’amour par Escobar Macson, je paierais cher pour entendre ça.

Genono : C’est possible, sauf que l’histoire se termine par une amputation.

Spleenter : Bon, on va passer au quizz. Vous avez encore des questions ?

Genono : J’en ai une dernière, pour conclure : t’as une date pour le prochain album ?

Sidisid : On a bientôt fini. Je peux pas te donner de date, mais d’ici trois mois ça devrait être terminé (interview réalisée en septembre 2013, on est en décembre 2014 … Mesdames et messieurs : le rap français !).

Spleenter : Toujours que Dela à la prod ?

Sidisid : C’est jamais uniquement Dela en fait. Disons que c’est lui à … 75%. Pour le reste, ce sera pareil que sur Peplum, on sort pas trop des gens avec qui on aime bosser : Droop-E, Young L, Glyph, Hits Alive. On en a une de YH, l’ancienne protégée de Camron.

Spleenter : Et les feats ?

Sidisid : Y’aura toujours des feats, j’aime bien inviter des gens. Déjà, y’aura toujours des cainri.

Teobaldo : Et les français, tu nous disais que t’avais fait le tour …

Sidisid : Nan, y’en a encore quelques-uns, mais pas forcément accessibles.

Teobaldo : On te l’avait dit, que La Fouine ne voudrait pas venir sur ton album.

Sidisid : Franchement, c’est un des rares que je refuserais. Faut vraiment être une merde pour faire des singles avec La Fouine, et vendre 4000 disques ! Si demain je dois faire un morceau avec La Fouine, je te promets que je vendrai pas 4000 disques. T’as un Planète Rap, et tout … putain, t’es vraiment une merde. On s’en fout que La Fouine fasse de la merde, t’as vu l’exposition qu’il a ? Même si je viens de te dire que je le ferais pas, si tu le fais … mais tu vends pas 4000 disques, putain !

Spleenter : Nan, 3900.

Teobaldo : C’était ça, La Force du Nombre. Ce nombre, c’était 3900.

Spleenter : Du coup, pour revenir sur les feats, tu peux nous donner au moins un nom de cainri et un nom de français ?

Sidisid : Le ricain, je peux pas, parce qu’il y en a qu’un. Je garde la surprise. En français, je vais vous en donner un. Qui c’est qui pourrait vous faire plaisir …

Genono : Canardo ?

Sidisid : Nan, un qui fera plaisir à vous trois … Lalcko.

(soulèvement populaire suite à cette annonce, le peuple est heureux et entrevoit enfin l’espoir de jours meilleurs)

Lalcko, c’était facile, parce que c’est le pote d’un pote … Et puis il a toujours dit du bien de moi, tout le temps. Après, c’est pas facile de le capter, parce qu’il est dans les affaires, il est une semaine en Chine, un mois au Cameroun, deux jours à New-York … Généralement, les mecs m’aiment bien, dans le rap. Sauf les blancs ! C’est bizarre, parce que tous les mecs avec qui je suis pote dans le rap, c’est des non-blancs.

Teobaldo : Et Seno ?

Sidisid : Ouai, mais Seno c’est une autre génération. J’ai écouté Les Sales Blancs pendant des années.

Teobaldo : Même Hyacinthe et Krampf, tu les connais pas spécialement ?

Spleenter : Ah oui, tu les méprises, eux !

Sidisid : (rires) Tu pourrais dire ça plus subtilement, putain ! Nan, mais c’est pas vrai.

Teobaldo : J’ai découvert le S-Crew récemment, je savais pas ce que c’était … En fait, c’est 1995, mais en pire.

Genono : Et malgré ça, ils ont vendu plus que Fababy en première semaine.

Teobaldo : J’ai une dernière question avant de passer au quizz de Spleenter : toi qui semble plutôt ouvert dans tes thèmes et dans ta musique, t’as pas envie de rapper avec une meuf ?

Sidisid : Bah … y’en a pas !

Teobaldo : Mais si t’en trouvais une, tu serais pas fermé ?

Sidisid : Nan, pas du tout … c’est juste que j’en vois aucune.

Spleenter : Y’a Shay, en plus elle est connectée avec Kevin El Amrani, ça facilite les échanges.

Sidisid : Je sais pas … Ca me parle pas trop. Je préférerais que ça soit un peu plus crade (rires).

Spleenter : Si tu cherches du crade, y’a Liza Monet.

Sidisid : Ouai … dans le principe, je trouve ça cool. C’est un peu Roll-K. C’était vachement bien, Roll-K.

Teobaldo : Mais Roll-K, elle rappait, tu sentais qu’elle aimait rapper. Aujourd’hui, les meufs qui font ça, y’a un côté « ouai, je suis comme ça, t’as quelque chose à dire, fils de pute ? »

Sidisid : Ouai, un côté un peu féministe …

Teobaldo : Femen, même !

Sidisid : Mais Roll-K, tu pouvais que kiffer, avec l’environnement qu’il y avait autour … Tout Simplement Noir, etc. C’est comme quand LIM ramenait des meufs sur ses mixtapes … c’était extraordinaire. Les chansons de LIM avec des meufs au refrain, c’est mes chansons préférées, c’est tellement irréel. Donc ouai, faire un feat avec une meuf … je sais pas.

Genono : Et avec un rappeur homosexuel ?

Sidisid : Ca va être compliqué, j’en connais pas un seul qui soit hétéro (rires). Non mais sérieusement, en France, je vois pas un rappeur déclarer qu’il est homosexuel. Après, s’il est blanc et homosexuel, ça peut être un bon moyen de percer … percer, y’a un jeu de mot, t’as compris ?

Teobaldo, Spleenter et Genono :

Sidisid : Bon, on coupera au montage.

FIN

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Interview Nasme 1 & 2

Notre équipe de petit fous ont une fois de plus arpentés les rues parisienne à la rencontre de Nasme aka aïe aïe aïe man, aka l’indépendance en personne. Plus de 15 ans dans la musique indé, il tourne dans toute la France aux côtés de Flynt & DJ Blaiz pour des concerts de feu, il organise aussi des open mic dans plusieurs villes où tu peux découvrir de jeunes rappeurs aux côtés d’artistes plus chevronnés. C’est l’un des artiste phare de l’école du 18em.

Tu peux aller dans sa boutique, le Biffmaker Shop au 105 rue Lamark 75018 Paris, pour découvrir des CDs de qualité, et aussi pour te vêtir de sappes séléctionnées avec soin. Sans plus attendre donc voici la première partie de l’interview :

Voici la seconde partie

Vous verrez qu’avec Morsay, ils ont un point communs, (voire deux…), ça c’est l’esprit hip hop t’as vu.

Bon visionnage mes jeunes, délectez vous de ses paroles.

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Pour les petits retardataires (bis)

Ron-Burgandy-Finishes-Drink-Quickly-Anchorman

Ouais parce qu’en fait y’a une moitié du Blavog qui participe régulièrement à l’émission Abcdr, histoire d’insuffler un peu d’esprit Cogip dans tout ce bouzin.

Donc ça c’est les 3 premières

l’impact du virus Ebola sur le rap français

un portrait type d’une partie du public rap : les sales puristes

et une sorte de revue de presse focalisée sur toutes les conspirations de ces derniers temps

voilà, merci à tous de votre attention

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Interview Frencizzle

Bon alors, là, mes petits salauds, on vous rapporte, encore, grâce à TupakTV, une interview pas piqué des vers d’un beatmaker Frinçais.
Et pas des moindres, on parle de Frencizzle (et la première fois que t’en as entendu parler, c’était peut être bien là. en tout cas, moi c’est mon cas, alors ta gueule).
On parle d’un gars qui a filé des prods à tes kainrys préférés pendant que les autres beatmakers essayent de faire le même genre de prods pour les rappeurs frinçais qui refont comme tes rappeurs kainrys préférés. Et il en parle tel quel, parce qu’il s’en bat les couilles. Un bon gars.
Et en plus, il a une moustache ! Ah non pardon… Et en plus, il va sampler les Chevaliers du Zodiaque à la fin.
Faudra être là

http://tupaktv.com/interviewtupaktv-beatmaker-international-frencizzle-tupaktv/

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Pour les petits retardataires

Pour ceux qu’ont pas suivi, avec TupakTV, on a aussi interviewé Blastar (un beatmaker que tu connais forcément) ainsi que Moon’A (une rappeuse qui va faire beaucoup de bruit) dernièrement :

&

D’ailleurs, on remercie aussi Captcha Mag qui était avec nous par la pensée pour l’interview de Moon’A (mais en fait, comme Génono habite dans la forêt, il a pas pu venir).

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Le mercato du rap : Pourquoi que Kaaris il a été drafté depuis AZ vers Def Jam Frince

PUTES !

PUTES !

Quand t’écris vaguement sur des sites de rap, y a toujours des mecs qui sortent de nulle part pour te poser des questions dont tu connais évidemment pas la réponse. Du coup, on m’a beaucoup demandé Pourquoi Kaaris a signé sur Def Jam. Et bien j’en sais rien, donc je vais inventer. Tout d’abord on va déjà expliquer comment K A Double Rotor a signé sur AZ l’an dernier. C’est parti pour un petit voyage dans le temps.
Générique !

(Super ce générique) L’histoire se déroule pendant l’été 2013, dans les locaux d’une maison de disque tenue par un homme avec une tronche de lopette qui fait exprès d’être mal coiffé et mal rasé. Comme tous les patrons de label rap de Frince, pour une raison qui échappe au bon sens. Un jour, un grand barbu frappe à la porte.

Creuzard –Euh… Bonjour monsieur…Vous désirez ?
Kaaris –Julien Creuvard ?
Creuzard –Euh, non… C’est Creuzard, moi.
Kaaris –Et bien ne creuse plus. T’iras pas plus bas, de toute façon. (Il entre dans les locaux sans y être invité et se met à tapoter les parois du corridor)
Creuzard (Paniqué)–Mais qu’est-ce que vous voulez, à la fin ?
Kaaris –Vous avez des rappeurs incontinents dans vos murs.
Creuzard –De quoi ?
Kaaris –Vous avez des rappeurs incontinents dans vos murs. Des vieux MCs qui devraient mettre des couches.
Creuzard –Et en quoi ça vous regarde, je vous prie ?
Kaaris –Il serait temps qu’ils s’arrêtent. Ça fait trop longtemps qu’ils laissent traîner la crasse de leur raie. Y en a partout. C’est des geysers de merde, les mecs.
Creuzard –C’est élégant, bravo…
Kaaris –Ou c’est comme des Petits Poucets de la crotte, pour les plus constipés d’entre eux, si tu préfères.
Creuzard –Mais je ne préfère rien du tout… Et je réitère ma question, en quoi ça vous regarde ?
Kaaris –Bah c’est là que j’interviens. Je choppe ces chieurs et je leur enfonce mon bouchon de liège dans leur trou du cul !
Creuzard –Et bien c’est très gentil à vous, mais je doute que nous ayons besoin de vos services et…
Kaaris –Ah ouais ?! Et Kool Shen il était pas signé chez vous par exemple ?
Creuzard –Non, alors écoutez, monsieur Shen, Kool de son prénom, a effectivement sorti son deuxième album solo chez nous mais il est de nouveau à la retraite. Et cette fois ci c’est définitif.
Kaaris –La première fois aussi c’était définitif.
Creuzard –Oui mais entretemps il avait tout perdu au poker alors il s’est refait de la seule façon qu’il connaisse : soutirer de l’argent à des collégiens. C’est aussi simple que ça.
Kaaris –Et qui dit qu’il va pas encore perdre tout son argent d’une manière ou d’une autre et revenir en mode super authentique trop trop vrai de la mort ?
Creuzard –Je pense qu’à ce niveau-là, passez-moi l’expression, mais il faudrait être très con ou n’avoir aucun respect du tout pour son public pour refaire le même coup 2 fois de suite.
Kaaris –Justement… Et sinon ça en est où sa reconversion dans le cinéma ?
Creuzard –Et bien, je… Oh mon Dieu.

Kaaris aperçoit alors quelqu’un qui passe au bout du couloir et se met à hurler « Là ! Il y en a un !! » il se précipite alors en courant vers le bout du couloir, puis poursuit l’ombre qu’il a cru apercevoir tout en beuglant « J’te pète comme un bouchon de liège ! J’te pète comme un bouchon de liège !! »

Kery James –Calme toi, mon frère. Que signifie ton agitation. On n’est pas condamné à beugler.  Surtout en présence du grand Kery James, le dernier MC.
Kaaris –Le dernier MC à qui il faut que je foute un bouchon dans le cul.
Kery James –Par contre, fais gaffe, j’aime pas trop qu’on m’emmerde dans les couloirs. Dès qu’on m’emmerde dans un couloir ça part en couille. J’entends une réaction de mauvais garçon …
Kaaris –COMME DIDDY !
Kery James –Bon OK, ça suffit. Je suis un mec pour la paix mais là on va se cogner.
Kaaris –Stocma comme Borck Lesnar. Stoppe-moi.
Kery James -Pourquoi faut-il toujours que je croise des malandrins dans les couloirs, Seigneur ?
Kaaris –C’est éprouvant.
Kery James –Ça doit être pour ça, en effet. Dieu nous éprouve Autant dans la souffrance que dans…
Kaaris –Non. C’est toi qui es éprouvant.
Kery James –M’appelle pas éprouvant. Eprouvant. Je suis pas Rasta éprou… Attends nan, ça veut rien dire, ça. Qu’est-ce que tu racontes en fait ?
Kaaris –T’es éprouvant parce que tu mets trop de mots dans tes phrases.
Kery James –Voilà autre chose… C’est sûr que vous, la nouvelle génération de rappeurs, vous faites carrément des phrases sans mots, maintenant.
Kaaris –Oh Click ?
Kery James –Ouais voilà…
Kaaris –Kaaris ! Kaaris !
Kery James –Ouais mais le grand esprit Hip Hop il m’a dit que le rap c’est aussi de dire des trucs, quand même.
Kaaris –Je vais lui ressusciter le cul, au grand mouvement Hip Hop, moi. Il peut déjà préparer ses couches.
Kery James –C’est une louable attention. Mais t’es vraiment obligé de mettre les mots « cul », « bite » ou je ne sais quoi dans chacune de tes phrases ?
Kaaris –Oh Click ! Sevran Sevran !
Kery James –Ah bah oui… C’est soit ça, soit pas de phrases du tout, c’est vrai… Et c’est moi qui suis éprouvant, après ?
Kaaris –Ouais. Et ta carrière aussi, elle est éprouvante. Tu t’en vas, tu reviens. Tu rentres et tu sors comme dans la chatte d’une vieille pute.
Kery James –On dit un moulin d’habitude, mais passons. Une vieille pute, c’est une belle allégorie du rap Frinçais.
Kaaris –Allez gorilles ?
Kery -De toute façon, mon album « Denier MC » c’est mon dernier album. Donc ton histoire de bouchon, c’est toi qui peux te la carrer au cul.
Kaaris –C’est ton combientième dernier album ?
Kery James –Et bien… Euh… 6… Attends, nan 7… Je retiens 2, je déduis la bissectrice et… Oh et puis qu’est-ce que ça peut te foutre ?
Kaaris –Tu dilues ton bordel. Tu perds de ton impact. Alors que tous les macaques visés qui jactent doivent être pulvérisés par l’impact.
Kery James –Développe, qu’on voit si je te suis.
Kaaris –Par exemple, ton clip Post Rectum, il est bien en soi, pas de problème.


Kery James –C’est Post Scriptum.
Kaaris –De quoi ?
Kery James –C’est Post Scriptum, pas Post Rectum, le nom de l’outro sur mon dernier album.
Kaaris Ah… Bon… Du coup c’est moins bien que ce que je pensais. Mais ça change pas ce que je voulais dire.
Kery James –Alors exprime toi le jeune. T’en as visiblement gros sur la patate.
Kaaris –Ton clip il est bien, il est très joli. Mais combien de fois on t’a vu faire tes adieux ? On a bien tiré la larmichette 1 ou 2 fois y a plus de 10 ans, mais depuis on y croit plus du tout. Et ça c’est dans le meilleur des cas. Le plus souvent, on s’en bat complètement les couilles, depuis le temps.
Kery James –Je tiens à dire au revoir à mon public proprement et je t’emmerde si t’es pas content.
Kaaris –Mais bordel ! Tu n’as fait que ça de toute ta carrière solo ! Depuis 15 ans tu dis au revoir. Tu fais tes petits albums tout propres, bien nettoyés aux entournures, pour partir sur la meilleure image. Et OK, c’est cool. Mais pas tous les 2 ans, putain ! Et c’est pas comme si c’était radicalement différent musicalement à chaque fois.
Kery James –Je vais pas faire des albums entiers de trap, non plus. T’es malade, toi. Et c’est normal que je travaille bien mes albums. Imagine que je revienne vraiment plus cette fois-là.
Kaaris –Honnêtement, depuis le temps, j’arrive pas à imaginer un truc pareil…
Kery James –Ouais, mais au moins, si j’ai plus envie de revenir, je sais que je suis parti sur un vrai album de fin. Qui dit au revoir, en synthétisant bien tous les thèmes que j’ai toujours abordés, comme ça je suis sûr de rien avoir oublié avant de partir, d’éteindre la lumière, de fermer et porte et de verrouiller la chevillette et la bobinette. Bien polie est l’attitude.
Kaaris –C’est ça le problème. Peut-être que ça te soulage, toi et ta petite conscience mais du coup tu t’es jamais autorisé à vraiment te lâcher. Tout tes albums disent  « au revoir et à jamais ». Y en a pas un seul qui soit bien sauvage comme du temps de Ideal J et qui disent « bonjour » pour une fois.
Kery james –Comment ça ?
Kaaris –Un album qui dise « Salut, je suis Kery James et ici on rappe comme ça » et t’envoies le pâté ! Kalash est chargé ! Kalash est chargé ! Cuisine du ke-cra ! Cuisine du ke-cra !
Kery James –Je vois ce que tu veux dire, mais le ke-cra, non merci. Je ne crois plus en l’illicite.
Kaaris –Tu bouffes ce que je te prépare !
Kery James –T’énerves pas, gamin. Et si c’est bel et bien le dernier album que je lègue à la postérité ? Il faut bien qu’il soit parfait ou le plus proche, possible, non ? Y a quoi de mal à ça ?
Kaaris –Je pense que ça te bride. Cette envie de bien faire absolument, se dresse entre ta musique et ce que tu pourrais extérioriser réellement. Et que beaucoup d’auditeurs auraient eu besoin d’entendre un album plus spontané venant de Kery James. Et probablement que toi aussi tu en aurais eu besoin…
Kery James –Bah je ne sais pas trop quoi répondre à ça… Oui, peut-être qu’il y a une part de vrai dans ce que tu dis et que…
Kaaris –En plus tes grands retours c’est toujours le même morceau et ça fait toujours dans les 7 minutes à chaque fois.
Kery James –Je reconnais que c’est un peu long, mais ça passe.
Kaaris –Non. Ma bite c’est un peu long mais ça passe. Mais ce que tu fais c’est juste chiant à force.
Kery James –Bon allez, fous moi le camp. Sale jeune.
Kaaris –Hum Humm !
Kery James –Mais un jour on règlera ça, toi et moi.
Kaaris –Hum Humm ?
Kery James –Je te mettrai une pile à Street Fighter 2.
Kaaris –Impossible, poto. Je suis le meilleur joueur de la Terre avec Guile.
Kery James –Mais ouais… C’est ça… Street Fighter 2 c’est mon jeu !

On retrouve la K Double Napalm assis sur les marches d’une des cages d’escaliers des couloirs de la maison de disque AZ. Booba est à quelques marches au-dessus de lui. Kaaris roule un bédo. Et Julien Creuzard assiste à la scène, médusé, se protégeant derrière un extincteur même si on ne comprend pas bien de quoi il se protège.

Booba –Voilà, t’as bien suivi mon exemple, faut que tu les tacles à la gorge toutes ces antiquités comme NTM, Solaar, IAM et les autres dont je me suis même pas rabaissé à retenir les blases.
Kaaris –Je veux savoir ce que ça fait de prendre leur place.
Booba –Ouais, voilà. Izi.
Kaaris –Je m’entraîne à sourire devant ma glace.
Booba –Ça par contre, ça sert à rien. Je souris jamais moi, en télé. Je méprise tous ces gens. Izer
Kaaris –T’es en rotation, t’es claqué, faudra m’expliquer.
Booba –Ouais, c’est vrai que tous ces enfoirés sont en rotations alors que nous… Attends… Moi aussi je suis en rotation. Hey ! Tu parles pas de moi quand même, j’espère.
Kaaris –J’n’ai aucune peine, j’te nique ta race.
Booba –Mais… Mais… Mais c’est pas gentil du tout ça.
Kaaris –Dans les veines, je n’ai que de la glace.
Booba –C’est moi qui t’es fait ! Je t’ai sorti de mon trou, je t’ai chié, pratiquement. Tu parles mal, alors que t’es mon petit.
Kaaris –Je veux que toute affiliation décède. Je suis le petit à personne.
Booba –Ah ouais ! Tu devrais lécher mes chaussures tous les jours pour me remercier de même te parler. Comme Kennedy et d’autres en leur temps. Même si ça m’agace prodigieusement et que je finis par les tej comme des biatchs. Les suceurs de queues, plus ils m’aiment, plus je les déteste, ces fans mythomanes ! Mais ceux qui me sucent pas du tout, ceux-là c’est les pires ! T’as pas la reconnaissance du ventre !
Kaaris –Je t’ai déjà prévenu, je ne reconnais que le ventre que j’ai quitté. Toi, la seule chose dont tu vas accoucher à parler comme ça c’est de ta propre fin.
Booba –Ah ouais ?
Kaaris –Ouais. Toi aussi t’as trop longtemps laissé traîner la crasse de ta raie ! Bouchon de liège dans le cul !

Booba –Ça suffit ! Creuvard !
Creuzard –Euh… C’est à moi que vous vous adressez ?
Booba –Ouais ouais ! Vire moi ce sauvage. Fous le dehors. C’est un ordre.
Creuzard –Mais ce n’est pas vous qui donnez les ordres ici.
Booba –Je te fais les yeux de la mort (Il enlève ses lunettes de soleil)
Creuzard –Naaaaan. Je vous en prie ne me regardez plus comme ça, c’est d’accord, je vais le virer. Je vais le virer d’AZ.
Booba –T’as j’veux dire.
Creuzard –Mais je sais pas encore comment je vais faire ça…
Booba –Izi. Moi je me débarrasse sans arrêt des boulets. Tu le revends, tu fais ce que t’en veux.
Creuzard –Vous feriez comment ?
Booba –Moi, je vais partager d’autres gens qui font du son comme à Chicago sur mon twitter. Des parfaits inconnus. Y aura énormément de déchets, mais y en a bien un dans le lot qui fera l’affaire. Ensuite tous ses assistés d’auditeurs comprendront enfin que le style de Chicago c’est pas que l’apanage de Kaaris. D’ailleurs mes abrutis de fans retiendront que les meilleurs et parleront jamais du fait que j’ai partagé des dizaines de mecs sans intérêt.
Creuzard –Non mais je voulais dire, que feriez vous à ma place ?
Booba –Justement, j’y suis pas à ta place. J’ai qu’uuuune viiiiiiiiiie ; et à ta place j’aurais tout fait pour être à la mienne. C’est pour ça que j’ai qu’à tweetter des mecs pour qu’il fasse du buzz alors que toi tu dois diriger tout un label pour essayer de faire aussi bien. J’arrête les carrières pour de vrai alors je peux bien en lancer, tant que c’est pas Sultan. Izi blague.

En fin de compte, Julien Creuzard, ou plutôt Julien Creuvard comme il aime qu’on l’appelle, n’osera pas non plus dire à Kaaris qu’il est viré. Il le transfèrera donc vers une autre maison de disque : Def Jam Frince.

Kaaris –Salut.
Lacrim –Salam.  De Marseille à Panam. On vit dans la hram.
Kaaris –Sevran ! Sevran !
Lacrim –On t’monte en l’air ! On t’monte en l’air !
Kaaris –Enfin un endroit où on peut avoir de vraies conversation. Ça se fait rare comme les orangs outangs.
Lacrim –C’est bien vrai. Ici c’était pas aussi bien y a pas si longtemps. Beaucoup d’inconnus et de vieilles gloires.
AKH -…
Lacrim –Enfin, je voulais pas non plus vexer qui que ce soit… On a du pirater mon compte instagram.
Akh –De quoi ? Jy comprinds pas ton lingage de jeune. Oh.
Kaaris –Ça recommence…
AKH –Vous lis jeunes, vous savez mêmeuh plus poser un nom sur un ligumeuh. Peuchère.
Kaaris –Ouais, ouais, l’ancien, tu connais aussi bien le rap que ta poche urinaire, on a compris.
Lacrim –Attends, parce que moi je suis un mec de Marseille aussi maintenant, techniquement, alors je respecte quand même un peu cet homme livide.
Kaaris –oh mais j’ai du respect pour IAM même si musicalement c’est devenu de la merde et que Therapy les encule 10 fois.
AKH –Attentiong garçong. Ty joues lis badeuh boyeus mais ung jour, le calibre que ty portes à la ceinture va te tirer dans les noix, peuchère.
Kaaris –Ou te rafaler dans les dents de sagesse. On sait jamais avec ça.  Mais ce que je voulais dire c’est que malgré le fait que vous vous soyez toujours habillés comme des postiers avec IAM, je suis quand même heureux de voir un mec issu du rap en tant que directeur artistique dans un gros label.
AKH –Mais oh dis donc couillong, vé té la pitchoun alors. Jy suis pas DA di tout. Je suis signé en tant que rappeur itou !
Kaaris –Quoi ?
AKH –Jy vais sortir mon nouveleu aleubum « Jy suis en vieuh »
Lacrim –« Je suis un vieux » ?
Kaaris –Alors je vais devoir T’ENFONCER MON BOUCHON DE LIEGE DANS TON TROU DU CUL !
AKH –Hé mé nan enfin dis là oh !
Lacrim –Mais il t’insulte, là, papy. Réponds un vrai truc, là !
AKH -Mais moi j’y rieng contre son style do rap. C’y bieing que ça ce soit diversifié. Li rap Frinçais est infin commeuh li rap inglais. Il y a mis 10 ans, mais ça y est.
Kaaris -La faute à qui si il a mis 10 ans, la momie ? C’est qui les gardiens du temple qui faisait chier dés qu’on faisait pas des sonorités strictement New Yorkaises alors qu’il y a du rap différent partout aux states ?
AKH -Bah oui mais I luv NY, moi, couillong…
Lacrim -Mais réponds lui en vrai ! Il t’a dit « momie ». C’est pas un compliment. Même pour toi. Rentre lui dedans. On a quand même pas fait tout ce chemin pour se rendre compte que monsieur Akhenaton est en fait une femme ?
AKH –De quoi ?
Lacrim –Ah non, pardon. On a trop repiraté mon compte instagram, là. Je voulais pas dire ça en fait.
Kaaris -…
AKH -…
Lacrim (On ne comprend pas bien à qui il parle) –Hé ! Toi là ! Le hackeur. Va faire des sous plutôt que de hacker des comptes instagram. C’est mieux, t’as vu. Ahah. Trop Kikou lool.
AKH –Bong, écoutez les minots : À tous ceux qui m’appellent « inculé » ji voulais dire…
Kaaris –Je m’en bats les couilles, enculé. VASECTOMIE !

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DJ Weedim, Aketo & Sidi sid nous parlent de Petits Meurtres Entre Amis (vidéo)

Ma si, touyouls en compagnie dé TupakTV, yé souis allé voil ces yeunes qui font dé la musica
Pourquoi je parle comme ça, moi ?
Enfin bref, va là bas :

http://tupaktv.com/pmea/

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Classé dans Interview (et ouais mon pote !)

INTERVIEW ALKPOTE

Eh beh voilà (suceuse !)
Ça fait quelque temps qu’on a cet interview (C’était le jour du premier match des bleus à la coupe du monde en Juin dernier)
Mais comme personne n’a ne serait-ce qu’une seule petite once de professionnalisme au Blavog, ça n’arrive que maintenant.
(il serait bien temps d’euthanasier ce pauvre blog de merde une bonne fois pour toute, un de ces 4. Mais pas aujourd’hui)
À noter qu’un court extrait de cet entretien se trouve déjà sur Noisey mais des abrutis ont coupé des bouts de réponses pour des raisons qui nous échappent mais qui font surtout passer Alka pour un mec un peu intégriste, se privant ainsi de la complexité du personnage. C’est un peu con, mais bon, pourquoi pas…

En +, on a Singe Mongol aux dessins alors hein

alk 1

Illustration : Singe Mongol

Spleenter : Ca fait plusieurs fois qu’on nous dit que tu ne veux plus trop faire d’interview.. Pourquoi ?

Ca me saoule… plus d’interviews… bon c’est pas vraiment terminé regarde, je suis avec vous. Peut être que j’en ferai une, une dernière vidéo, à un moment donné. Enfin je sais pas encore, c’est flou.

Téobaldo : C’est tout l’aspect promo qui te fait chier, ou seulement les interviews ? Parce que je me souviens que tu as été un des premiers, à la sortie de L’Empereur, à inonder de vidéos, de freestyles , de trucs improvisés…

C’était marrant quand j’avais 23, 24 ans, mais là, maintenant que j’en ai 33, c’est moins marrant. J’ai d’autres préoccupations que d’aller me promener devant des journalistes, faire du spectacle devant une caméra, comme j’ai pu le faire auparavant. Disons que je veux êre efficace directement avec des morceaux, des clips. C’est pour ça, je fais des vidéos où je rappe, comme j’ai fait avec le freestyle Booska-p, j’essaie de rapper en fait. Ca ne m’intéresse plus trop de parler, je pense que je me suis assez exprimé. Puis si c’est pour faire comme tous les autres rappeurs… se plaindre… Ca ne m’intéresse pas.

Genono : Il n’y aura pas de série de vidéos comme « Les Marches de l’Empereur » ?

Non je ne pense pas. Il y aura peut être des freestyles vidéos où je rappe. Peut être une interview ou deux, filmées, pour l’Orgasmixtape 2 et pour La Dernière Valse. Mais les interviews comme ça à tous bouts de champs, ça ne m’intéresse plus. Les radios c’est pareil, j’y vais pour rapper, et plus pour parler.

Teobaldo : Quand t’as commencé le rap, c’est toi qui a démarché des rappeurs pour poser sur leurs projets..t’as jamais prétendu être « tombé » dans le rap par hasard.

Mais je le fais encore aujourd’hui ! Et à l’heure où je te parle il y a encore de l’amour. De l’amour du rap. Au début quand j’ai commencé, je savais pas qu’il y avait de l’argent, je faisais ça vraiment par amour. Je kiffais ça ! Après il y a eu une période où il y a eu des sous, après il n’y en a plus trop eu, et aujourd’hui je suis content comme ça. Je prends le peu qu’il y a, les miettes. Elles me suffisent, j’ai un travail, cet argent me suffit !

Teobaldo : Et quand t’étais jeune, qu’est ce qui t’a motivé à faire du rap ? Tes influences ?

Ce qui m’a fait kiffer le rap, je crois que c’est le Wu Tang, Yo Mtv Rap, une émission nocturne sur M6 aussi, je sais plus le nom, vers 1992, 1993.

image : Wild-Sketch

image : Wild-Sketch

Genono : Donc si je comprends bien là il va y avoir « L’Orgasmixtape 2 », « La Dernière Valse », et c’est terminé ?

C’est fini, exactement. Quand j’étais jeune je disais que je rapperai jusqu’à la fin de mes jours, mais après le côté rêveur part. On devient réaliste.

Spleenter : Tu réalises que quand tu vas arrêter, beaucoup de gens qui te calculaient pas vont dire « ah c’est dommage qu’il ait arrêté », un syndrome Alpha 5.20…

Ah ça c’est un bon exemple. Ce que je respecte c’est les mecs qui ont arrêté comme lui, comme Larsen, qui sont pas revenus. Ils ont trouvé la paix ailleurs, ils ont compris la vraie vie. T’as des mecs ils arrêtent, ils reviennent, eux je les respecte pas. Il ne faut pas faire ça. Revenir à 45 ans ? C’est bon, il faut passer à autre chose… le rap c’est pour les jeunes. Moi je suis trop vieux là, c’est l’heure de passer le relais. Je me sens complétement has been, dépassé par les évènements. J’ai fait du rap quand j’étais jeune, maintenant que je le suis moins, il faut passer à autre chose, s’avouer vaincu, relax Max. C’est cool.

Spleenter : Tu t’avoues vraiment vaincu ? Ou tu penses avoir atteint certains objectifs ?

Dans la vie de tous les jours, même dans une défaite je vois de la victoire. Je vois le bien partout. Il y en a, je te dis, c’est fini l’époque des rappeurs qui se plaignaient, je suis quand même content. C’est des souvenirs ! Des souvenirs pour moi, pour mes enfants, mes petits enfants si Dieu veut. Les pochettes de mes cd ce sont des souvenirs. C’est comme ça que je vois le truc.

Spleenter : J’ai l’impression que tu n’es pas trop concerts. Tu manques de plans ou ça te saoule aussi ?

Ouais en vérité j’ai pas trop de plans. Sinon je suis ouvert, tant que je touche un billet. C’est pareil pour les feat. Pendant longtemps je me suis permis de vivre du rap. Je travaillais pas, pendant très longtemps. Pour une apparition sur scène pendant vingt minutes je prenais 3500 euros, et même maintenant… c’est les tarifs. Après pour un feat je dis 1500 euros, mais je m’arrange avec le mec, s’il a un peu moins… je prends un peu moins. On s’arrange, sans soucis, mais je feat pas gratuitement.

Genono : La série de mixtapes « Bande de putains » mixée par Vincenzo, c’est un truc dans lequel tu es impliqué ?

Non, je n’ai rien à voir là dedans, je ne sais pas qui est ce mec. Je ne sais pas ce qu’il fait. Pourtant je fais encore des apparitions sur des tapes. A droite à gauche. Là j’apparais sur l’album d’Infinit, sur le projet de mon pote Idjil, sur des sons de Weedim, sur l’album de Seth, et sur encore d’autres trucs que j’ai pas en tête ! Il y a un projet commun, « Néo6 » avec Seth Gueko, Jason Voriz… en cours d’enregistrement. J’ai posé sur trois sons là pour le moment. C’est un truc pour mettre en avant les mecs du 06 et en même temps ceux de Néochrome, Joe Lucazz, 25G, SKP2JV…

Teobaldo : Et avec Joe Lucazz justement, il y a d’autre duos prévus ?

Ouais on en a un dans « L’Orgamixtape 2 », et il est encore plus lourd que le précédent. Deux fois plus lourd. On se connaît depuis très très longtemps, bien avant Néochrome ! Depuis l’époque des K7. On se croisait dans les studios souterrains, les caves, que dans des endroits comme ça. J’étais avec l’Unité 2 Feu, lui avec son groupe de l’époque, Buffalo Soldiers. Et on se croisait à chaque fois, mais on n’avait jamais collaboré ensemble jusqu’à ce que sortent les mixtapes Rap De Banlieusards. On se connaissait bien par contre.

Spleenter : Si t’es le nouveau Gainsbourg, comme tu l’as souvent écrit, c’est qui ta Whitney Houston ?

Rihanna. C’est elle la Whitney Houston du moment. Ce serait pas la mienne, mais je pense que c’est la Whitney Houston actuelle.

Genono : Et Gainsbourg, il penserait quoi d’Alkpote ?

Il en aurait rien à foutre de moi, ce batard raciste. Je pense qu’il serait sionniste. Gainzbeur c’était un délire. Qu’il aille se faire enculer. Je me suis inspiré de mauvaises personnes dans ma vie. C’est pas un bon exemple. A un moment donné j’étais dans ce délire là, de m’autodétruire. C’était une autodéstruction pour la création, se défoncer à mort pour pouvoir créer. Je me reconnaissais dans Gainsourg, mais aujourd’hui déjà je me défonce moins, et je l’emmerde. J’emmerde sa fille plutôt, vu que j’emmerde pas un mort.

Teobaldo : « C’est Alkpote, le nouveau Doc Gynéco », il fait partie de tes influences ?

J’aime bien son côté nonchalant, chanté… j’aime bien ce délire là, défoncé à mort

Spleenter : C’est quoi l’impact de la boisson et de la drogue sur ton écriture ?

Je dirais que c’était complétement nécessaire à la création. A un moment donné dans ma vie si j’avais pas de l’alcool et de la drogue à consommer, je n’arrivais pas à écrire. C’est une réalité, et je trouve que mes meilleurs textes, mes meilleurs morceaux, ont été créés sous drogue, sous alcool. C’est triste mais je me suis rendu compte de ça. Après « L’Empereur contre attaque » je l’ai fait plus ou moins à jeun. Je me suis aperçu que j’arrivais à écrire sans drogue. C’est psychologique tout ça. Mais j’avoue que pour écrire, fumer un gros pilon de la mort ça m’aide toujours. Mais bon, même sans, je peux le faire.

Teobaldo : Les sons de Memphis, ça t’avait bien parlé, c’est des sonorités influentes pour toi ?

Le meilleur survivant de ces trucs là c’est Juicy J ! Ouais c’est un délire que j’ai kiffé, leur musicalité, leurs ambiances, ils étaient défoncés à je sais pas quoi. Il y a un côté malsain, maléfique, Dj Paul il lui manque une main, il a un triple six de fou tatoué sur le dos, l’autre il a un os de pygmé dans le nez, c’est des monstres ! Crunchy Black tu pouvais rêver de lui la nuit, des têtes comme ça t’en vois pas à tous les coins de rue. Project Pat ! Franchement c’était une équipe incroyable. C’était comme le Wu Tang sauf qu’ils étaient tous forts ! Un autre délire. C’est comme ça que j’ai kiffé, je les voyais comme un autre Wu Tang, d’un autre coin.

Spleenter : Du coup si on fait l’historique de tes influences, au début c’était très New York…

(Il coupe) Staten Island, ouais. Et c’est toujours resté New york, jusqu’à aujourd’hui. Atlanta aussi, quand même. On peut pas éviter ça. Trop de mecs qui tuent à Atlanta. Peewee Longway, Young Scooter, il y a trop de vedettes là bas !

Spleenter : Et la trap c’est un truc qui te correspond plus au niveau de tes textes ?

Oh je sais pas ce qui me correspond le plus… J’peux rapper sur tout…Acappella, trap, westcoast, moi je m’en fous, tant que ça me plaît.

Teobaldo : Tes instrus tu les choisis comment , t’as des demandes particulières ou tu fais selon ce qu’on t’envoie?

Ca dépend, on m’en envoie pas mal, des fois je demande des trucs, c’est un peu tout ça.

Teobaldo : Pour « N’importe quoi » par exemple, ça s’est passé comment ?

C’était un truc que Zekwe Ramos m’avait passé. Il m’avait fait un dossier avec pas mal d’instrus et celle là trainait, j’avais utilisé presque tout le reste et j’ai pris celle ci pour l’Orgasmixtape. Je l’avais depuis longtemps l’instru. Après j’ai rappé dessus avec le flow qu’elle créait.

Genono : Pour les prochains projets tu vas t’entourer encore de Dj Weedim, Butter Bullets etc. ?

Exactement. Ces deux là principalement, et sûrement des ptits lulus à droite à gauche. Ils sont toujours les bienvenus, tant que c’est du bon son, tant que c’est du lourd. Je ne suis pas compliqué, je cherche même pas en fait. Ca arrive à moi, tant mieux, si ça n’arrive pas, j’en ai rien à foutre !
Je bosse avec Hits Alive aussi. J’ai plusieurs instrus à eux que j’ai pas encore utilisées. Sur l’Orgasmixtape je crois que j’en ai qu’une, « Egaré ». Je vais en utiliser d’autre pour L’Orgasmixtape 2.

Genono : Ce projet ce sera que des feats ?

Non. Il y en aura beaucoup mais pas que. C’est en cours de construction mais je peux déjà te dire qu’elle est deux fois meilleures que la première, alors qu’elle n’est même pas finie.

Teobaldo : Aujourd’hui il y a un truc qui marche bien c’est les phrases un peu gogoles, marrantes. Mais toi t’as toujours développé ça.

La Fouine a popularisé ça, mais on faisait ça bien avant. Qu’est ce que tu veux que je dise ? Quand tu m’en parles ça m’y fait penser. A l’époque on faisait ça anonymement, aujourd’hui tout le monde le fait. C’est comme ça, il n’y a rien qui nous appartient. Nous même on ne s’appartient pas…On appartient tous au Créateur, alors c’est pas des textes, des flow ou autres qui vont nous appartenir. J’en ai inspiré, plus d’un, plus de deux, beaucoup plus.

Teobaldo : Niveau technique, faire des rimes à plusieurs syllabes, c’est un truc qui te vient du 91 ?

J’ai appris récemment que ça s’appelait « multisyllabique ». C’était naturel chez moi. J’avoue qu’avant il y avait Nubi qui faisait ça. Il le faisait naturellement, moi aussi. A la base je rimais toujours avec des consonnes. « Boum / Bim / Bam », « Toc / Tuc / Tec ».. et après j’ai rimé en voyelle, un peu plus tard, « Bam / Chatte ».

Spleenter : Dans une très vieille interview, un mec te parlait du caractère marrant de ton nom « Alkpote »

(Il coupe) T’es marrant comme intervieweur toi, t’as une tête marrante ! Même toi avec tes cheveux d’argent (désignant Téobaldo) mais je vous ai déjà vus à Goom Radio.

Spleenter : Ouais (rires) Mais donc tu lui avais dit « non c’est pas de l’humour c’est juste que pour baiser les mc’s je me protège ». Avec le temps, t’as plus assumé le côté déconne de ta musique.

Ah oui je m’en souviens de celle à, je crois que c’était pour Rap1pulsif, ou Enmode.fr. Oui c’est sûr que dans la vie de tous les jours je suis pas Alkpote. Alkpote c’est du spectacle. Dès qu’il y a une caméra devant moi, un micro. Mais quand je suis en famille… Alkpote…

Genono : On dirait que des fois le personnage prend le dessus sur la musique.

C’est vrai. Je sais même pas si dans mon public certains sont pas là parce qu’ils aiment bien les insultes, le personnage, les mots clefs que j’envoie, plutôt que la technique qui se cache derrière. Les rappeurs le savent que je suis un technicien hors pair, que je sais rimer comme eux ne savent pas le faire. Je vais pas dire que je suis le meilleur non plus. En tout cas je rime mieux que la relève.
Et pas mal d’anciens. Et pas mal de ma génération.

Genono : Dans la « relève » certains te parlent un peu ?

Ouais j’aime bien, Sadek, L’Entourage, voilà. Infinit aussi. Sidisid, j’adhère totalement, je retrouve de moi en lui. Je kiffe beaucoup ce qu’il fait, je kiffe Sidisid. Franchement on aurait pu faire un groupe avec ce mec là. Un duo, un tandem flamboyant. Ca aurait été mieux qu’avec Katana.

Téobaldo : Ah carrément ?

J’ai plus points communs avec Sidisid que j’en ai avec Katana ! De ouf. Il n’y a pas photo. Les points communs qui nous unissaient avec Katana c’est qu’on était du même quartier, du même square, de la même école et qu’on était des amis d’enfance. Quand on a grandit, qu’on est devenu adolescent, ça a changé. On a fait deux cd’s de l’Unité 2 Feu. Aujourd’hui ça n’existe plus. C’est fini. C’est que des souvenirs. Pas de mauvais souvenirs. Mais des souvenirs quand même. Les deux morceaux sur Mazter Chef et celui sur Néochrome All Star c’est les derniers sons que t’entendras d’Unité 2 Feu. Les derniers vraiment, où on s’est retrouvé en studio.

Spleenter : Revenons au personnage Alkpote. Quand est ce que tu as eu le déclic de le créer ? C’est progressif ? A force on dirait presque que t’es un Gilles de La Tourette du rap.

Ouais ça s’est fait progressivement. Ce personnage c’est une part de moi aussi. J’ai des points commun avec lui. Il y a une part de vérité dans chaque blague, mais c’est exagéré sur plein de points. Moi je trouve que je m’améliore. Il y a des fans, j’entends souvent ils demandent pourquoi je rappe pas comme avant. Mais moi je trouve que je suis mille fois plus fort. J’écris mill fois plus vite, mes rimmes elles sont mille fois plus technique. J’estime que je m’améliore tout le temps. Demain peut être je vais fumer une bonne frappe qui va me faire encore progresser.

Spleenter : Tu rigoles quand t’écris ?

Ouais des fois j’écris une rime et je me fais rire moi même. Quand c’est ça c’est qu’elle est bonne ! Les rappeurs en général ils arrivent pas à me faire rire. Récemment il y a 6 Coups MC qui m’a fait rire là, l’enfoiré. Avec « Allez tous au bois 2 », il a réussi à me faire rire, il est fort Six coups, très fort. Ils y arrivent pas les nouveaux rappeurs, c’est ce que j’ai dit à ma femme.

Spleenter : Dans ta voix et ton interprétation t’as un truc très froid, déshumanisé, tu fais exprès ?

Non je crois que j’ai ça naturellement parce que même les meufs à l’époque elles me disaient ça. « Tu dis pas je t’aime, tu dis rien, t’en as rien à foutre ». J’ai ça en moi en fait, on me l’a beaucoup dit ça. Mais je pense pas être plus froid qu’un autre. Je suis normal en fait. J’peux paraître comme ça, froid, mais c’est pas le cas.

Spleenter : A une époque t’avais parler de faire des titres dansants, voir électro, c’était une connerie ?

J’ai fait, et j’ai jeté. J’ai tenté mille est un trucs. Mais dans La dernière valse il y a des morceaux qui risquent de vous surprendre ! Les instrus, la façon de poser, même moi mes morceaux me surprennent. Ils on rien à voir avec tout ce que j’ai fait ! C’est des sons déjà prêts, mixés et masterisés !

Spleenter : A un moment aussi tu parlais de faire des clips avec des guests, je pense à « Peep show » avec Salif, pourquoi ça ne s’est pas fait ?

C’est surtout à cause du manque de moyens. Si ça ne tenait qu’à moi je ferais des clips d’enfoiré ! Par exemple le clip « Dans le sas » de l’Orgasmixtape, nécessiterait un budget, ne serait ce que pour un sas, un sas de banque. Mais qui nous prêterait un sas de banque, nous autoriserait à tourner ? Lui d’un côté du sas, moi de l’autre, c’est tout con.

Spleenter : Concernant les références, le name dropping, ça balaie plein de truc dans ton rap, télé-réalité, dessins animés…

Ah ça y va ! Je m’inspire de tout ce que j’aime regarder. En ce moment il y a Madame est servie qui repasse sur je-ne-sais quelle chaine, et j’aime pas regarder ça. C’est trop nostalgique. Je regardais récemment Notre belle famille … ça me rappelle trop de souvenirs, je peux pas. Juste la façon dont ils sont habillés, avec les chemises rentrées dans le pantalon, le pantalon remonté jusqu’au nombril … J’essaye de vivre avec mon temps. Le passé, ça me fait mal au cœur. La nostalgie, ça me fait mal au cœur, je sais pas comment t’expliquer ça. C’est un truc que j’ai en moi. Il y a des morceaux, et pas forcément de rap, que je peux pas réécouter aujourd’hui. Si je les réécoute, ça va me rappeler une époque de ma vie, des ambiances que j’ai pas envie de revivre. C’est louche, ça va me rappeler des souvenirs, des moments où je marchais dans le froid. Je ne supporte pas la nostalgie.

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Image : Wild Sketch

Genono : T’as cité Dumb & Dumber comme un de tes films préférés, tu penses quoi de la suite, prévue pour bientôt ?

Je suis curieux, c’est toujours Jim Carrey et l’autre les acteurs ? Ouais ? Alors ça va être une tuerie.

Genono : Et Les Tortues Ninjas ?

J’ai vu une bande annonce, ça tue. Quand il s’éjecte sur la camionnette, ça tue. Et à la fin, quand il enlève son masque, que la meuf s’évanouit, c’est magnifique. Je suis pressé de le voir.

Spleenter : T’étais plutôt Tiny Toons ou Animaniacs ?

Franchement, les deux. Tiny Toons, c’était bien, Animaniacs aussi … les deux frères juifs, Warner Bros. Y’avait Minus et Cortex dans les Animaniacs, c’était bien.

Spleenter : DBZ ou Chevaliers du Zodiaque ?

Les deux, à mort. Mais si je dois choisir, Chevaliers du Zodiaque. Même si c’est trop … malsain. Les hermaphrodites, et tout … Je comprenais pas, à l’époque, pourquoi le Chevalier du Poisson c’était une femme, avec une voix d’homme. Y’a plein de trucs comme ça. Y’avait aussi un mec qui était « trop beau ». Ils disaient tous « il est trop beau, sa beauté va nous ensorceler, faut pas le regarder ». Mais y’a pas que les Chevaliers du Zodiaque, même Tristan, de Tristan et Matias … cheveux violets, longs … c’est suspect.

Spleenter : Quand tu vois des mecs comme La Fouine, Booba, Kaaris, sortir des phases très sales, que t’aurais pu sortir, est-ce que tu te dis que toi t’es arrivé trop tôt ? Ou alors t’es trop spé pour passer auprès des médias ?

Je ne dirais pas que je suis spé, c’est du rap que je fais. Il peut y avoir du rap doux, du rap dur, mais ça reste du rap. Je sais pas si j’étais là en avance … nan, je pense pas. Mais je pense que, comme on le disait tout à l’heure, quand je vais arrêter, on va dire «l’enfoiré, il était pas si mauvais, il va nous manquer, cette sale race ». « Merde, il a pas été assez exploité ce mec là, il a pas exploité tout son potentiel » (rires).

Spleenter : Tout le délire autour de « sucez », ça t’est venu comment ? Au début, c’était par-ci par-là, mais aujourd’hui on t’identifie vraiment comme « le gars qui dit « Sucez » à tous bouts de champ ».

C’est un mot-clef. J’ai toujours rappé comme je rappe, puis à un moment je me suis rendu compte que ça fonctionnait d’utiliser ces mots-clefs : pute, salope, bite, chatte, anus … ces mots-clefs ont fait tilt, alors je les ai introduits. Après, comme on disait tout à l’heure, peut-être que certains ont été plus attirés par ça, et n’ont pas vu la technique. D’autres ont vu qu’il y avait un technicien derrière, et au final, peu importe, du moment qu’ils ont été là. Mais aujourd’hui, je veux plus d’eux, je te jure que c’est vrai. Je trouve que j’égare les gens, ce que je fais c’est pas une bonne chose. Moi-même je suis égaré, et j’égare les gens avec moi. La meilleure chose, c’est de pas du tout écouter de rap. C’est mauvais.
Spleenter : Dans tes morceaux récents, j’ai l’impression que t’es plus orienté bouffe que sexe …

Je suis un fin gourmet. J’ai toujours été épicurien. A la base, mon album devait pas s’appeler La Dernière Valse, parce que pour moi c’était pas le dernier, je voulais l’appeler Epicurisme. J’ai toujours été épicurien, j’aime la bonne bouffe, j’aime la vie, j’aime profiter de la vie. J’aime toutes les joies que la vie peut t’offrir, même si c’est pas ça la vérité. C’est dur, de résister. Aujourd’hui, je résiste un peu plus aux tentations, mais ça n’a pas toujours été le cas.

Spleenter : L’Orgasmixtape c’est un peu un retour à la base, dans le sens où tu fais juste ce que tu veux, tu dis ce que tu veux, sans te prendre la tête ?

Ouais, je me suis dit que j’allais faire un truc vraiment dans l’esprit mixtape, avec des sons hardcores, en invitant plein de gens … alors que La Dernière Valse, c’est plus ouvert. Il n’y aura sûrement pas d’invités. Tiens, je peux vous donner le nom des invités de l’Orgasmixtape 2 si vous voulez : un duo avec Seth Gueko, un duo avec Nubi, un son avec Sadek et Sidisid … Joe Lucazz, comme je te l’ai dit tout à l’heure, Infinit, Selim du 94 … et puis des mecs d’Evry. J’ai invité mes amis, ceux que j’aime bien, ceux avec qui j’aime bien collaborer. C’est une sorte de jubilé. Ceux qui m’aiment bien, qui aiment mes mots-clefs, et qui aiment la technique, ils vont être servis. Ils vont même être super-servis.

Genono : Sur le remix de Mongoldorak, il parait qu’il devait y avoir Canardo. Où est-il passé ?
C’est pas plus mal, nan ?

Genono : Moi je suis un grand fan de Canardo, donc j’étais déçu (rires).

Chacun ses goûts … Pour être franc, je l’ai invité par l’intermédiaire de sa mannageuse, et il m’a snobé. Donc c’est pas plus mal.

Spleenter : Le story-telling de « Dans le sas », ultra-mongol, vous l’avez écrit comment ?

En studio, et Granit y est pour beaucoup. Il nous disait « faites comme ci, dites comme ça » … et en plus ça a pas duré longtemps. On avait déjà fait 2-3 morceaux dans la journée, et celui-là a dû prendre deux heures, pour l’écriture et l’enregistrement.

Spleenter : Le passage où tu dis « J’ai l’cœur qui palpite et la bite toute dure », et où Zekwe répond « Quoi, c’est quoi le rapport ? », c’est génial. C’est un truc qu’on aurait pu écrire dans nos dialogues à la con.

Ils tuent vos dialogues. La dernière, avec 1995, c’est lourd. Celle avec Shay aussi.

Genono : Du coup avec Alpha Wann et Nekfeu, ça s’est vraiment passé comme ça ?

(rires) Ca s’est pas passé comme ça mais … pas loin !

Spleenter : Y’a un truc assez bizarre avec ce morceau, c’est que toi tu parles d’exploser des diaphragmes et d’Aziz au pays des merguez, et Nekfeu arrive derrière et parle de la mort de son grand-père … Il était au courant que ton couplet c’était ça ?

Ouai, je l’ai fait devant lui. Le refrain, les couplets … on a tout fait ensemble.

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Genono : Dans le clip de Chiens, c’est un uniforme nazi que tu portes ?

Ouais, c’est un uniforme à moi. C’est nazi, je suis habillé en Adolf Hitler, dans la forêt de Saint-Geneviève des Bois.

Genono : Tu vas collaborer à nouveau avec Kevin El-Amrani à l’avenir ?

Là, il veut bosser avec moi. Il me dit « viens, je te clippe tel morceau » … il est bon, je sais pas s’il se défonce, mais il est bon. J’ai fait pas mal de clips, y’a d’ailleurs celui de « N’importe quoi » qui devait sortir, avec le rappeur Vald qui jouait mon rôle. Mais j’ai pris la décision de ne plus sortir de clips. Au vu de mes vues, je sais m’avouer vaincu. Y’a des clips où je peine à dépasser les 50000 vues … à l’époque de Yonea chez Neochrome, je faisais le double en une seule journée. Bon, y’a bien un moment donné où je vais en balancer quand même, il va y avoir l’Orgasmixtape 2, je vais devoir balancer 2-3 trucs avant.

Genono : T’es un peu obligé, non ?

Ouais, mais ça fait pas de vues, c’est triste.

image : Wild-Sketch

image : Wild-Sketch

Spleenter : Un jour un mec m’a dit « j’aime beaucoup Alkpote, mais faut vraiment qu’il arrête de rapper en arabe, son accent est pourri ».

J’avoue, mon accent n’est pas parfait. Mon arabe n’est pas parfait, je le reconnais volontiers, mais je rappe pas tellement beaucoup en arabe.

Spleenter : T’as fait pas mal de morceaux avec des rappeurs tunisiens, ou d’origine tunisienne. Ca compte, pour toi, de représenter ?

Ouais, on peut dire que oui. J’ai toujours bien aimé Balti, Mokless, Haroun … C’est vrai, j’aime bien les rappeurs tunisiens. Kalash l’Afro, Selim du 94 … je les aime bien.

Teobaldo : T’as même rappé avec des allemandes …

Je suis ouvert, je suis prêt à collaborer une personne avec qui il manque un œil, un mec qui ne sait pas rapper, ou un enfant de 5 ans, ou même avec une vieille … c’est un travail, de faire des collaborations, et je peux travailler avec n’importe qui. Je suis un mercenaire de la rime, si t’as besoin de moi, je suis là pour toi.

Spleenter : Au niveau de ton discours, t’as toujours été plus ou moins dans la norme, et sur « L’Orgasmixtape », j’ai l’impression qu’il y a eu un ras-le-bol, notamment autour des médias et du sionisme.

Moi aussi, en réécoutant le projet en entier, j’ai remarqué ça. J’en suis arrivé à la conclusion que j’avais peut-être mûri, que j’avais pris de l’âge. Ca se ressent beaucoup, c’est vrai, mais c’est pas quelque chose que j’ai recherché. Je m’en suis rendu compte après coup.

Spleenter : Le morceau « Liberté d’expression », on a presque l’impression que tu l’as écrit juste après l’affaire Dieudonné.

Il y a eu de ça, aussi. Je suis à fond dans Dieudonné, je le soutiens à 300%. D’ailleurs j’ai bien aimé le morceau de Sadek à ce sujet. J’aime les mecs qui portent leurs couilles, qui assument leurs positions. Nous, les rappeurs, on doit prendre position, dire des choses. C’est bien de rigoler, mais c’est bien aussi de dire les choses, de dire que les sionistes sont des fils de putes.

Spleenter : Y’a aussi le name-dropping avec Fabius et Jack Lang dans Vomissure, ça m’a éclaté.

Ouais, c’est pas mal.

Genono : Tu cites également Alain Soral dans l’intro. C’est une influence pour toi ?

Alain Soral, je l’aime bien. C’est une influence. Ce que j’aime chez lui, ou chez Tariq Ramadan, c’est leur intelligence. C’est ça qui me charme, leur façon de s’exprimer, leur intelligence, leur répartie. J’aime bien les mecs qui savent s’exprimer.

Genono : T’as pas eu de retours de la LICRA suite à ce genre de morceaux ?

Nan, je suis un petit poisson. Je suis pas bien méchant . Ils vont aller voir les RG demander combien je gagne ? … Je vaux rien, pour eux.

Genono : Tu parlais déjà de Manuel Valls en 2009 dans tes interviews, et tu l’insultais déjà. T’es un visionnaire sur ce coup.

C’était le maire d’Evry à l’époque, et il a jamais été très cool avec les Pyramides. Il a jamais rien fait pour eux, contrairement à d’autres quartiers d’Evry, où il faisait implanter des maisons de quartiers, des MJC, etc. Nous, on a jamais rien eu. Mais j’ai vu une vidéo de lui à l’ancienne où il parlait de la Palestine, et j’étais choqué. Je me suis dit « il est pas si mauvais à la base ». Je me suis dit qu’à la base c’était un bon, et que l’argent et les sionistes l’ont charmé. Résultat, il a retourné sa veste, et maintenant il est de leur côté. Alors qu’à la base, il les aime pas, ces mecs là. Ils l’ont charmé, il s’est marié avec une sioniste …


Genono : Est-ce que tu pourrais te lancer en politique et faire une campagne avec le slogan « Sucez-moi avant la présidentielle » ?

Peut-être, mais avec un autre mot. Dans le même concept, mais sans le « sucez-moi », c’est peut-être un peu trop. Je trouverais une autre formule, moins choc. « L’orgasmixtape » à la base devait s’appeler » Re-sucez moi avant l’album », ou « Sucez moi encore ». Sur mon iphone j’ai tout une liste de noms de mixtapes.

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Illustration : Singe Mongol

Spleenter : C’est quoi les films qui t’ont marqué dernièrement ?

Chaud… j’en regarde trois par nuit. Des récents ? Robocop est pas mal, avec les poumons et tout là. La scène elle tue, quand il a pas de mains et tout. Du coup j’ai revu l’ancien. Il était sanglant de ouf ! J’ai apprécié ça. J’aime bien quand c’est sanglant Game Of Thrones. Ma famille est choqué parce que j’rigole que quand il y a du sang.

[S’en suit une séquence très violente où Alkpote décrit une scène de GoT et demande qu’on ne retranscrive pas ses propos spoilant la série, en expliquant qu’il supprime régulièrement des gens sur ses réseaux sociaux car ils lui pourrissent la vie avec leurs spoils]

Spleenter : T’écoutes quoi en ce moment ?

J’écoute de tout, tout le temps. J’écoute un peu moins de musique ces derniers temps parce que j’ai beaucoup de travail. Mais quand mon fils regarde les chaines musicales j’écoute. En rap, j’écoute de tout, beaucoup de sons d’Atlanta en ce moment, Future, Migos, les trucs que tous les cons écoutent. Je suis fan de Gucci, de 1017 Brick Squad. Je suis pas trop dansl e son de Chicago par contre.

Spleenter : Et Young Thug, tu vois qui c’est déjà physiquement ?

Ouais il ressemble un peu à Joe Lucazz. Mais c’est une sacré bébête, une sacré bestiole, asexuée, il représente bien les temps. Mais son rap, aussi, il est super fort.

Teobaldo : T’as encore des morceaux jamais sortis en stock ?

Quasiment aucun, j’ai vidé mes cartouches. Il me restait « Bande de putains remix », avec Niro, Sidisid, Tige la Rafale, que j’avais envoyé à l’époque mais qui n’était jamais sorti sur aucun support. Y’a encore un ou deux morceaux que je vais placer sur La Dernière Valse etL’Orgasmixtape 2, mais c’est tout. Pour le reste, ce sera que de l’exclu.

Genono : Il y avait pas un projet d’album Ténébreuse mafia ?

Oui, pas mal de mes projets ont avorté, et c’est peut être pas plus mal. Ténébreuse Mafia n’existe plus, c’est mon invention et c’est ma déstruction. C’est comme le label Ténébreuse musique, j’avais inventé ça pour mon groupe la ténébreuse unité 2 feu, juste avant qu’on signe chez Néochrome, pour Haine misère et crasse. Plusieurs personnes voulaient nous sortir, Nouvelle Donne, d’autres encore, mais rien ne s’est fait. A la fin comme il n’y avait personne on s’est dit qu’on allait mettre des sous nous mêmes. Jeunes et motivés ! Puis Yonea est arrivé il a u qu’on payait nous même nos séances studios, il a dit « arrêtez de payer, c’est bon je vais vous le sortir » mais en revanche la contrepartie était que je sorte directement après un solo. Il n’était pas interessé par Katana, il voulait qu’Alkpote. Il a sorti le groupe Unité 2 Feu pour me faire plaisir. Mais moi j’ai jamais eu dans ma tête l’envie de sortir unalbum d’Alkpote, pour moi, c’était Unité 2 feu. L’Empereur on m’a forcé un peu à le faire. Mais après je me suis pris au jeu.

Genono : T’as pas eu une période où tu voulais monter une association type Resto du cœur aussi ?

Ouais, à une époque j’avais tellement d’envies et de désirs… mais ça a été abandonné. Les idées c’est pas ce qui manque, mais les fonds … il faut des investisseurs.

Téobaldo : Si t’avais percé…

Pour percer j’aurais été avec des sionnistes. Les investisseurs je les aurais trouvés mais ça aurait été des sionnistes. Tu vois c’est pas plus mal de pas avoir percé. Je suis heureux de pas être dans ce milieu malsain. C’est très malsain le rap, plus malsain que les autres milieux, la drogue, le foot, le cinéma sont des milieux moins malsains ! Même la variet ‘ ! Pourtant il y a de la drogue un peu partout, dans la variet’ , mais le rap… de la trahison, des trucs spéciaux. Il y en a qui sont pas assez forts psychologiquement. Certains vont en asile, se font interner, camisoler, prennent des médocs. Il y en a qui abandonnent, qui reviennent, c’est dur le rap.

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BONUS : LE SUPER QUIZZ DE SPLEENTER

La règle du jeu : Spleenter balance des lyrics un peu sales, et Alk doit deviner si elles sont de lui ou d’un autre rappeur.

Spleenter : « Dégage de mon lit salope si t’as tes règles »
Alkpote : Ca aurait pu être moi, mais non, j’ai jamais dit ça de ma vie.
Spleenter : C’est La Fouine.
Alkpote : Ca m’étonne pas.
Spleenter : « Les gouttes de sperme coulent sur ton nez, tu comprends qu’on va te surplomber »
Alkpote : (rires) C’est bien moi, je l’oublierai jamais de ma vie celle là.
Spleenter : « Tu fais le gangster, j’te laisse du sperme dans le zen »
Alkpote : Ouai, c’est moi, sur L’envahisseur.
Spleenter : Nan, c’est Salif, dans Peep Show.
Alkpote : J’ai confondu avec « tu fais tes emplettes en string panthère »
Spleenter : « On encule les pterodactyles »
Alkpote : C’est moi, dans C’est le retour de l’U2F . C’est à cause de mon fils il est fan des dinosaures, j’ai jamais vu ça !
Spleenter : « Elle est où ta tétête, que je m’égoutte la kekette »
Alkpote : J’ai rien à voir avec ces mots-là !
Spleenter : C’était Seth Gueko. « Un doigt de génie rectal en guise de tendresse ».
Alkpote : Connais pas.
Spleenter : Kaaris. « Je fais d’une pierre deux coups, et d’une capote deux trous »
Alkpote : Ca, c’est moi. Elle est fantastique.
Spleenter : « Mon membre se rallonge, même si je suis pas Piccolo »
Alkpote : C’est bien moi, avec la rappeuse allemande.
Spleenter : « C’est moi qui raque si t’as le boule à Shakira »
Alkpote : Nan, connais pas.
Spleenter : « Ma bite et ton cul s’emboitent »
Alkpote : Ah, ça c’est beau … c’est moi, et je l’ai utilisé deux fois : une avec Zesau, et une dans Neo Come Back.
Spleenter : « Je vais tellement t’enculer que quand tu bailleras on verra le jour »
Alkpote : Je connais pas, mais c’est sympa, j’aime bien.
Spleenter : C’est le père, dans Bernie, le film. « Suce nos bites, salope, lèche nos boules de bowling »
Alkpote : C’est Mister You.
Spleenter : « J’te fais mouiller avec un couteau rouillé »
Alkpote : C’est bien moi, sur Bande de Chiennasses.
Spleenter : « J’te prends en levrette, laisse-moi mettre le doigt »
Alkpote : C’est Booba, ça, nan ?
Spleenter : Ouais. « J’éjacule sur tes taches de rousseur »
Alkpote : C’est moi, Bande de Putains de Putes Remix.
Spleenter : « Suce mon réglisse, mes dragibus »
Alkpote : Double-brochette !
Spleenter : « C’est dans le parking qu’on finit le casting »
Alkpote : Connais pas.
Spleenter : C’est Koma. « Mets-toi à 4 pattes, que je brûle ta cellulite »
Alkpote : C’est pas moi, mais j’ai l’impression de connaître.
Spleenter : C’est Rohff. « Ouvre-la seulement pendant les douches de sperme »
Alkpote : C’est bien moi.
Spleenter : « Montre-moi ta shnek sur ta webcam »
Alkpote : C’est moi, dans Solitaire.
Spleenter : « J’te parle de sexe sans honte, j’aime la cyprine »
Alkpote : Gainzbeur !
Spleenter : « T’auras le droit que des regards très sombres, à des claques sur le boul, et à beaucoup de foutre »
Alkpote : Connais ap.
Spleenter : Dosseh. « Bitch dead dans les toilettes, bite grosse comme une canette »
Alkpote : … non
Spleenter : C’était Joke.
Alkpote : Joe Lucazz ?
Spleenter : Non, Joke.
Alkpote : Ah …
Spleenter : « Tu seras ma petite chienne et je serai ton gentil maitre »
Alkpote : Je connais pas.
Spleenter : Orelsan. « Si t’es un fin gourmet, tu vas sucer des longues queues »
Alkpote : C’est bien moi (rires)
Spleenter : « Mon soce s’éclate avec une étudiante à 4 pattes »
Alkpote : Non, pas moi.
Spleenter : C’était Express D. « Passe la vaseline pour qu’on aille plus loin »
Alkpote : Non, pas moi.
Spleenter : Melopheelo. « Suce ma bite jusqu’à vomir ton suc gastrique »
Alkpote : African G’z !
Spleenter : « Je suis qu’on obsédé mais ton mec c’est qu’un pauvre pédé »
Alkpote : Belle rime, mais elle est pas de moi. Obsédé/gros pédé, c’est bien.
Spleenter : C’était Sheryo. « Si t’es cheum, juste tu me branles »
Alkpote : Si t’es cheum, juste tu me branles … je réfléchis si j’ai jamais dit ça … nan, j’en ai pas le souvenir.
Spleenter : Bien joué, c’était 25G. « Ramène ta femme, on lui met son coup
Alkpote : C’est pas moi … mais tu me fais hésiter, comment tu me regardes.
Spleenter : « Frotti-frotta sur la piste, et pas de slip »
Alkpote : La compagnie créole ?
Spleenter : (rires) Nan, Ol Kainry. “J’aime pas les meufs plates qui sont plein de chichis”
Alkpote : Je sais pas.
Spleenter : Alpha 5.20. « Tu peux me sucer avec ton appareil dentaire »
Alkpote : C’est bien moi !
Spleenter : « Je passe par derrière, je m’en fous de l’odeur »
Alkpote : C’est moi aussi !
Spleenter : « Coiffe les poils de ta chatte »
Alkpote : Voltaire !
Spleenter : « T’as qu’à dresser la patte pour que je vienne te caresser la chatte »
Alkpote : « Ce n’est que moi »
Spleenter : « Ta pétasse de chiennasse, je lui casse les reins »
Alkpote : La plus belle des crasses.
Spleenter : « Belek à pas te manger un zizi de travelo »
Alkpote : C’est moi.
Spleenter : « Ouvre ta chatte ma pétasse »
Alkpote : C’est bien moi dans Frissonez, « neochrome, ouvre ta chatte ma pétasse… » C’est des mots-clefs, chatte, pétasse …
Spleenter : Bah voila, on a fini.
Alkpote : C’est tout ? Bah c’était sympa.

image : Wild-Sketch

image : Wild-Sketch

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Interview de Shone

On a interviewé Shone avec TupakTV :

http://tupaktv.com/interview-shone/

Ça prépare un gros concert qui idéalement serait amené à n’être que le début d’une longue série de concerts
Ainsi qu’un projet/compilation mystérieux mais qui a l’air très enthousiasmant
Alors clique et va voir l’interview de ce rappeur qui a oublié d’être con et passif

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Interview – Vald (+ special guests qui passaient par là)

A un moment y’a Lino qui vient serrer des mains avant d’aller pisser, et à la fin y’a Tefa qui tape un peu l’incruste, mais on a rien dit parce que c’était chez lui.

Vald Captcha Mag x Tupak TV 1

Interview : Genono (Captcha Mag) et Teobaldo (Le Blavog)
Photos : Mehdi MK ( TupakTV)
On a uni nos forces comme si on était possédé par l’esprit hip-hop.

Genono : Avant la promo autour de la sortie de NQNT, t’as fait très peu d’interviews. C’était par choix, ou parce que les intervieweurs avaient peur de te rencontrer ?

Vald : C’était un choix, jusqu’ici faire des interviews, ça n’avait pas vraiment d’intérêt. Quand tu sors uniquement des projets gratuits sur internet, t’as pas grand-chose à dire. Si c’est juste pour raconter ta vie, y’a aucun intérêt. Là on a quelque chose à défendre, donc on va parler un peu de nous.

Genono : Tes précédents projets, c’était histoire de faire monter un peu la sauce ?

Vald : Voila, l’idée était de se présenter un peu aux gens, parce que dire « je sais rapper », c’est bien beau, mais si t’as aucun projet …

Genono : Ce matin je lisais les commentaires sur le clip de Shoote un Ministre … J’ai l’impression que ton public de base ne s’y retrouve pas.

Vald : Mon public de base, c’est quoi ?

Genono : Globalement, les gens qui te suivent depuis le début. Je lis beaucoup de commentaires du type « c’est pas le Vald qu’on aime », on est à la limite du « Vald c’était mieux avant », alors que ta carrière a pas encore débuté. C’est un truc que t’as ressenti ?

Vald : C’est un peu comme le premier amour, quand tu le revois quelques années plus tard, bah … il a changé ! Moi je fais le son que j’aime, après, ils suivent ou pas, c’est pas grave. J’irai trouver d’autres gens pour m’écouter.

Genono : Sur les autres extraits, j’ai l’impression qu’il y a d’autres retours, et que ça correspond plus à ce que le public attendait.

Vald : C’est surtout au niveau des prods, je pense. Et puis, il y a une raison simple : sur mes anciens projets, je pouvais pas faire de dirty, parce que je savais pas mixer. Et comme c’est moi qui mixais mes projets, forcément … J’avais envie d’en faire, mais je ne savais pas le faire. Alors maintenant, j’arrive en studio, je me régale.

Genono : Jusqu’ici t’étais vraiment en mode « fait-maison » ?

Vald : Ah ouai, c’était artisanal mon frère ! Y’avait un fumet, t’entendais les portes claquer chez moi, t’entendais ma darone crier … il se passait quelque chose quoi ! Alors que maintenant c’est propre, c’est professionnel.

Genono : Je reviens sur Shoote un Ministre … Y’a pas eu trop de controverse au sujet de la quenelle devant l’assemblée. T’es pas déçu ?

Vald : Déçu, non … c’est logique, on fait pas de vues. C’est normal qu’il y ait pas de controverse.

Genono : Justement, ça aurait pu être le truc qui déclenche un peu la machine.

Vald : En tout cas, moi je l’ai pas fait pour ça. Je l’ai fait parce que ça me faisait rigoler. Après peut-être que de l’autre coté, les mecs étaient là à se dire « ouai, on va faire des vues avec ça » … j’en sais rien. Je pense que si on faisait un million de vues avec une quenelle, on en aurait entendu parler … Mais là, avec 100.000 vues, c’est de la rigolade.

Genono : Il se passe plein de choses dans tes clips, ça fourmille d’idées et de conneries. A quel point t’es impliqué là-dedans ?

Vald : Généralement, je rencontre le réalisateur, je propose des idées, et si on peut, on les met en place. Par exemple, pour Shoote un Ministre, j’avais des idées un peu farfelues, qui n’étaient pas réalisables avec le budget et le temps dont on disposait. Donc on s’est concerté, et c’est Tefa qui a eu l’idée : « et si on promenait un ministre mort sur un fauteuil roulant, c’est génial ! »

Mehdi (manager de Vald) : Enculé, c’est moi qui ai eu cette idée !

Vald : Ah c’était ton idée ? C’est vrai que j’ai tendance à considérer que c’est Tefa le génie, mais Mehdi a un meilleur vocabulaire.

Mehdi : Nan, il faut dire que tout vient de Vald !

Genono : Et donc tu disais qu’il y avait des idées que tu ne peux pas encore mettre en place, faute de budget ?

Vald : Ouai, comme les gamins. Ils ont des idées, ils ont envie de faire des films de fou, mais ils peuvent pas. J’en suis à ce stade. Bientôt, j’aurai le budget pour faire des clips hollywoodiens.

Genono : On espère, parce qu’il y a moyen de bien rigoler avec toi. Rien à voir, mais j’ai lu dans ton interview chez l’Abcdr que tu avais une culture rap très limitée. Elle s’est développée un peu, depuis ?

Vald : C’est vrai, j’ai vraiment une mauvaise culture. Disons que c’est une culture atrophiée. Mais je commence à faire des pompes et des tractions.

Genono : Ce manque de culture, tu vois plutôt ça comme un avantage, dans le sens où t’es pas formaté par ce que t’as écouté avant, ou plutôt comme un handicap ?

Vald : Je vois ça comme un fait, j’essaye de changer là-dessus, mais je sais pas si c’est un avantage ou un désavantage. Le bon coté, comme tu le dis, c’est que je fais les choses sans être influencé par ce qu’ont fait d’autres artistes avant moi. J’ai cru comprendre que ceux qui avaient écouté l’album de Lunatic à l’époque étaient traumatisés et voulaient absolument refaire du Lunatic. Moi je l’ai pas écouté, je sais pas ce qu’il se passe dans cet album ! Mais d’un autre coté, le fait de ne pas avoir de références n’est pas forcément un avantage. En fait, j’ai pas conscience de ce qui est bien ou mal, dans le rap.

Genono : Dans ce qui se fait aujourd’hui, t’écoutes quoi ?

Vald : J’aime beaucoup Young Thug, j’aime beaucoup Lil Wayne … j’ai une affection toute particulière pour Lil Wayne. Après, en français … j’ai du mal avec eux, parce que je comprends ce qu’ils disent. Mais par exemple, Kaaris, il me fascine ! Je le trouve trop marrant.

Genono : Mais musicalement, c’est des artistes qui t’inspirent ? Parce que ta musique ressemble pas à du Kaaris ou du Lil Wayne.

Vald : Je sais pas ce qui m’inspire. Si je dis que je m’inspire d’untel, ça veut dire que je vais essayer de faire la même musique que lui ?

Genono : Pas forcément, ça peut être dans le sens où tu vas juste te nourrir de ça, et en faire ta propre sauce. Ne serait-ce qu’au niveau des sonorités, tu peux avoir envie de tendre vers telle ou telle tendance.

Vald : Peut-être que je me nourris de ce que j’écoute sans trop m’en rendre compte, franchement j’en sais rien. J’ai du mal à comprendre le concept d’influence et d’inspiration. J’écoute des trucs … tu sais, des fois, quand j’écoute un morceau, j’ai envie de taper le rappeur. Peut-être que c’est de cette manière là que je m’inspire finalement, c’est une influence un peu malsaine. Je l’écoute, et j’ai juste envie de le mettre à l’amende, de le défoncer.

Genono : Ta connexion avec Rockin Squat sur L’undaground s’exprime chapitre 6, elle se fait comment ?

Vald : Qu’un rappeur avec des disques d’or et 20 ans de carrière m’appelle, j’ai trouvé ça beau. J’étais un rappeur de chambre, j’avais fait quelques mixtapes, mais personne me connaissait. Je sais même pas comment il m’a découvert … c’est une bonne personne, il m’a même invité à monter sur scène à la Cygale.

Lino, surgit de nulle part : Qu’est ce que c’est que ces interviews qui durent 70 heures ?

Vald : Laisse-nous bosser.

Lino : Je passe juste vous saluer avant d’aller pisser. C’est mieux avant qu’après, nan ?

S’en suivent quelques serrages de main, deux-trois vannes pas piquées des hannetons, puis Lino s’en va pisser et l’interview reprend son cours.

Genono : Tu fais beaucoup d’introspection dans tes textes. Est-ce que c’est un truc qui t’aide à te comprendre toi-même, à avancer, à la Soprano qui prend sa carrière pour une thérapie ?

Vald : Pas du tout. J’écris pas quand je suis triste. Si ça va pas, j’écris pas. Je me trouverais con de me trouver dans une situation alarmante et de me dire « oh putain, il faut que j’écrive un texte, il faut que j’explique ce qu’il m’arrive ! ». J’écris uniquement quand je suis content. Et j’ai même pas l’impression de faire de l’introspection, je trouve ça un peu surprenant.

Genono : Tu racontes quand même des trucs super personnels, même si c’est souvent fait avec humour.

Vald : Comme quand je parle de branlette ?

Teobaldo : Ca c’est intime plus que personnel.

Genono : Y’a des moments où tu te dis « ça c’est trop personnel, je vais le garder pour moi » ?

Vald : Ah oui, y’a beaucoup de choses que je dis pas, parce que je trouve que ça ne regarde que moi. Et puis surtout, ça n’apporte rien. Si ça apportait quelque chose de lâcher une phase très personnelle, en me disant que des gens vont se reconnaitre dans ce que je dis … Mais la plupart du temps, je parle pas de moi. C’est pour ça que ce coté introspection, je vois pas trop … Peut-être sur Journal Perso, ou des vieux morceaux ?

Genono : Même sur NQNT, y’a pas mal de phases super personnelles, même si c’est pas forcément à chaque fois le thème du morceau. C’est quelques phrases disséminées ci et là tout au long du projet, que je trouve très personnelles.

Vald : J’ai pas ce ressenti … mais pour revenir à ta première question, écrire ne m’aide pas du tout. Je ne règle rien avec la musique.

Teobaldo : Du coup, écrire ça t’apporte quoi ?

Vald : C‘est un sentiment d’accomplissement. Quand j’écris, j’ai l’impression que je fais quelque chose de ma vie … alors qu’en fait, nan. Je peux passer une nuit entière sur une seule phrase, en vrai je fais rien du tout, mais j’ai quand même l’impression d’avoir fait un truc. Quand je finis un morceau, j’ai vraiment l’impression d’avoir fait quelque chose de concret, de pas être resté là à attendre que le temps passe, comme un branleur. Alors quand le morceau est validé au studio, j’en peux plus, je l’écoute vingt fois d’affilée, je me dis « ouaah, je suis louuurd », alors que pas du tout, je brasse pas un sou.

Vald Captcha Mag x Tupak TV 2

Genono : Aujourd’hui t’es rappeur à plein-temps ?

Vald : Plus ou moins …

Genono : T’as prévu un plan B, au cas où ça ne marche pas comme prévu ?

Vald : Bah oui, justement, parce que je viens de me rendre compte de l’économie du rap et … c’est pas flamboyant (rires).

Genono : Y’a pas lontemps t’as publié sur les réseaux sociaux « 5 bonnes raisons de ne pas acheter NQNT » …

Mehdi (manager) : Une idée de génie !

Genono : T’annonces « aucun tube ne sera joué en radio ». Ils font pas trop la gueule chez Barclay ?

Vald : Nan, pas du tout. J’ai pas tellement de contacts avec eux en fait.

Genono : Ils t’ont juste commandé un album, façon « ponds ce que tu veux » ?

Vald : Voila, on leur a donné un album, on a dit « si vous aimez, vous prenez, vous donnez de l’argent, et vous distribuez ».

Genono : Et t’as eu des retours ?

Vald : Ils en sont très contents. Ils me trouvent très particulier, avec un univers … ça fait plaisir.

Genono : Parmi les 5 bonnes raisons, tu dis aussi « pas d’autotune dans le projet ». C’est un truc que t’aimes pas ?

Vald : Au contraire, c’est un truc que j’adore, mais que je contrôle pas encore.

Genono : Donc ça va venir ?

Vald : Ah ça, dès que je sais l’utiliser, vous allez en chier ! Prends garde à toi, Jul ! (rires) J’ai aucune censure là-dessus, dès que je sais le faire, c’est partit !

Genono : T’as l’air plutôt à l’aise sur scène, c’est un truc que tu travailles à l’avance, où t’y vas vraiment en mode freestyle ?

Vald : Ouai, jusqu’ici c’était très freestyle, mais le public est super réactif, sans trop que je sache pourquoi. Bien souvent, il est juste content de voir « son » artiste, donc il fait la fête même si tu pues la merde sur scène. Après, on a essayé de travailler un peu le truc, c’est plus cadré, un peu moins bordélique, même si y’aura toujours une part de bordel. A terme, je pense que ça va devenir très professionnel, l’idée c’est que ça devienne un vrai spectacle. Je pense qu’il nous faut juste des séances en studio pour développer ça … et les séances, faut les payer ! Mais là j’ai l’impression qu’on a trouvé un format qui fonctionne bien, ça fait 6 ou 7 dates que je sens qu’on a quelque chose de professionnel.

Genono : Ce coté trop carré, t’as pas peur que ça déplaise à un certain public, qui aime justement le Vald un peu à l’arrache ?

Vald : Ca peut être à l’arrache … mais carré en même temps. J’ai déjà fait des scènes vraiment à l’arrache, et c’était vraiment trop à l’arrache, tellement à l’arrache que le public n’y comprend plus rien. Donc oui, y’aura toujours une ambiance « fait-maison », un petit fumet, mais le temps est à la professionnalisation.

Genono : La piste 5 de NQNT s’appelle Sullyvan. En écoutant le morceau, j’ai l’impression que ce personnage est une sorte d’alter-égo démoniaque de Vald. J’ai bien compris le concept ?

Vald : Ouai, c’est à peu près ça. C’est partit d’une rime que j’ai fait dans un vieux morceau, avec le nom de Sullyvan, et j’ai développé un peu ça. Mais j’ai pas du tout le complexe du schizophrène, avec une partie sombre qui se dévoile sous un alias. Sur ce morceau, c’est vrai que la prod s’y prêtait bien, j’ai poussé un peu dans cette direction … mais en fait nan (rires). Ca m’a surtout permis de faire un égotrip un peu particulier, de parler de ce personnage comme d’une légende, un mythe.

Genono : C’est un truc qui peut revenir dans les prochains projets, ma suite des aventures de Sullyvan ?

Vald : Ouai, je vais le décliner, c’est certain. Et puis ça nous fait un super morceau pour entrer sur scène, c’est génial.

Genono : Piste 8 (« Horrible »), tu dis « suffit d’une vidéo de Soral pour que l’audimat du JT chute ». Tu penses quoi de ce mec ?

Vald : Je pense qu’il a une grande écoute. Je l’ai beaucoup écouté, maintenant j’ai décroché. Je prends plus rien à cœur, j’en ai plus rien à foutre de quoi que ce soit. Je sais qu’il a beaucoup d’audimat, et qu’il est plus proche de la réalité que les journaux télévisés. C’est moins déformé, et ça a plus d’impact. Lui aussi, il bosse à la maison, il est sur son canapé, il fait ses vidéos … Et je sais que si t’écoutes Soral, t’écoutes pas le JT. Ca n’a pas de sens, d’écouter les deux, ou en tout cas, de croire les deux.

Genono : Dans le même morceau, tu dis « personne m’a donné la foi, je suis lassé de croire en rien ». Quel est ton rapport à la religion ?

Vald : J’aimerais avoir la foi ! Mais je crois en rien, je suis pas dedans. Et j’aimerais bien, parce que je ressens une sérénité chez les gens pieux, c’est quelque chose que j’ai pas. Mais j’ai réussi à trouver la sérénité ailleurs, donc je m’en sors pas trop mal.

Genono : La foi, c’est donc quelque chose que tu recherches ? Ou tu te dis juste « si ça vient, ça vient » ..?

Vald : Voila, je me dis que si un jour je tombe dedans, ce sera super. Sinon, tant pis.

Teobaldo : C’est juste une question de sérénité, d’équilibre ?

Vald : C’est vraiment … un bien-être que je ressens chez les gens qui ont la foi. Mais ceux qui l’ont vraiment, pas les frères muz 2.0. Les vrais frères muz, ils ont sont apaisés, c’est magnifique.

Teobaldo : On sent que t’as développé une grosse réflexion là-dessus.

Vald : Ca me touche personnellement en fait, parce que mon frère est devenu musulman. Je trouve ça beau. Moi, j’arrive à vivre sans, mais si un jour ça vient … incha Allah !

Genono : Ensuite, piste 9, « Aulnay-sous-bois », qui est très critique envers la mentalité de quartier et l’apologie de la rue. Tu sentais le besoin de faire ce morceau ?

Vald : Ouai, c’était vraiment un besoin, parce que personne n’en voulait de ce morceau ! (rires) Je trouvais intéressant de proposer cette vision des choses, j’ai pas l’impression d’avoir déjà entendu un morceau comme celui-là … après j’ai une culture de merde, donc il a peut-être déjà été fait. Je trouvais ça marrant qu’un blanc qui vienne du 93 parle de la cité de cette manière.

Teobaldo : T’as pas peur de te mettre des gens à dos ?

Vald : Je connais personne, donc je peux me mettre personne à dos ! (rires) Après, je dis pas que la street c’est mal … mais revendiquer le fait d’être un mec de tiekar, ça pue la merde. Je vous chie dessus ! Attends, que je me fasse pas mal comprendre, c’est pas parce que t’habites dans un tiekar que je te chie dessus …

Genono : Si si, on va marquer ça. On va faire du buzz, on va titrer « Vald chie sur les mecs de tiekar ».

Vald : Nan, ce que je veux dire, c’est que je te chie dessus si t’es un mec de tiekar et que tu vis là-dessus. Et j’en connais plein, des mecs qui te disent « ouai, moi je suis un mec de quartier, je vais rien faire de ma vie, je vais rester en bas » …

Teobaldo : Pas de vacances pour les vrais gars.

Vald : T’as tout dit.

Vald Captcha Mag x Tupak TV 3

Genono : T’as quel attente sur la sortie de NQNT ?

Vald : Par rapport aux ventes ? J’en ai aucune idée. J’aimerais bien impressionner les gens de maisons de disques, pour qu’ils me sortent en physique, ces fils de lâches.

Genono : Ah mais il sort pas du tout en physique ?

Vald : Nan, parce qu’ils ont pas confiance en nos chiffres, ces crevards ! Ca me fout un cafard de ouf. Mais j’ai confiance, j’ai l’impression que mon public est deter, qu’il croit en moi.

Teobaldo : Du coup tu vises pas un chiffre précis …

Vald : Nan, je vise juste de pouvoir vivre de ma musique. Tant que j’en vis, les chiffres m’intéressent pas.

Tefa (qui est là aussi, parce que c’est la fête du slip) : Ca dépend comment tu veux vivre.

Vald : Je veux juste vivre, poto ! Je veux partir de chez mes parents, je veux pouvoir payer un loyer et des factures.

Teobaldo : Du coup, tu penses que tout buzz est bon à prendre ?

Vald : Nan, y’a aussi des mauvais buzz. Y’a des buzz desquels tu te relèves pas, y’en a certains qui ne s’en sont jamais remis. Je vais pas citer de noms, on va pas leur faire de la mauvaise pub, mais tu les connais.

Genono : Question « à la Spleenter » : est-ce qu’en tant que rappeur blanc, tu pourrais raconter que tu te faisais racketer au collège, comme Orelsan ?

Vald : Le raconter ? Je sais pas … peut-être le dire en une phrase, mais un morceau complet dessus … c’est dur.

Genono : Bah il en a fait … je vais pas dire une carrière, mais presque.

Vald : Nan, je peux pas capitaliser sur le fait d’être une victime, ça m’intéresse pas. Je peux pas écouter un morceau dont le message serait « je suis une victime ». Meme sans le dire ouvertement, mais y’a des sons, les mecs font que se plaindre de la première à la dernière mesure. Frère, relève la tête, car un jour tout s’arrête.

Moment de flottement dans le studio, tant tout le monde est subjugué par la dernière phrase de Vald.

Teobaldo : C’est pour ça, l’humour ? Aborder des sujets sérieux différemment, que les gens se fassent pas chier …

Vald : Voila, et faut se détendre, le ridicule n’a jamais tué personne.

Genono : Les comparaisons avec Orelsan, c’est un truc qui doit te casser les couilles nan ?

Vald : Oui, forcément, mais si ça vous donne une porte d’entrée, prenez-la. C’est toujours mieux qu’on m’écoute en se disant « c’est un peu comme du Orelsan », plutôt qu’on m’écoute pas. Mais j’ai jamais fait du Orelsan, donc j’ai même pas l’impression de devoir m’en détacher. J’ai un phrasé particulier qu’il n’a pas, et il a un phrasé particulier que je n’ai pas.

Teobaldo : Donc t’as déjà écouté ce qu’il fait ?

Vald : Ah oui, bien sur. Tout ce qui se fait, depuis que j’ai commencé à rapper, j’écoute, je me mets à jour. Le rap, c’est une bataille, donc si je sais pas ce que les autres font, c’est chaud.

Genono : Tu pourrais t’autoproclamer Professeur Punchline comme Seth Gueko ?

Vald : Je fais pas de punchlines, moi. Je déteste le mot « punchline ». Déjà, je déteste les anglicismes. On a une langue tellement riche, tellement belle, utiliser des anglicismes c’est dommage. Et le terme « punchline » … c’est nul, complètement nul. Je fais pas de punchline, je fais du sentiment. J’ai l’impression de développer vraiment un ressenti, pas juste de faire de la phrase. C’est difficile de prendre une phase de mon texte, et de la sortir comme ça.

Genono : C’est aussi du à ton écriture qui est très dense, pas mal basée sur la technique avec des assonances, des multisyllabiques dans tous les sens, des mots qui s’entrechoquent. C’est quelque chose que tu recherches particulièrement ou c’est quelque chose qui te vient naturellement ?

Vald : Ca me vient naturellement, c’est de la performance, et c’est ce qui va me faire écouter ou non un rappeur. Si un rappeur rime mal, je l’écoute pas. Les rimes trop simples, ça m’énerve. Y’a plein de mots dans la langue française, sers-toi-en. Maintenant j’y fais peut-être un peu moins attention, mais j’ai longtemps eu l’impression que c’était une obligation. C’est une question un peu complexe, mais pour moi c’est un devoir. Si t’es rappeur et que tu rimes pas … c’est la misère, gros. Fais autre chose.

Genono : Si tu devais imaginer ta reconversion après le rap, ce serait quoi ? Je te verrais bien au cinéma.

Vald : Ouai, le cinéma ça me plairait bien. J’attends qu’on vienne me contacter, je fais des petits appels subliminaux avec mes vidéos, mais ça marche pas (rires). Et puis, j’ai l’impression que ça paye mieux. Sinon, j’aimerais bien me reconvertir dans la production, prendre des petits rappeurs, leur transmettre mon savoir, mon expérience, et les orienter. Mais il faut de l’oseille.

Mehdi (le manager) : Tefa peut t’expliquer comment ça fonctionne !

Tefa : Bah c’est comme la politique : faut être un enculé.

Vald : J’aime bien aussi le montage vidéo, même si j’ai un niveau de merde. Ca me passionne.

Vald Captcha Mag x Tupak TV 4

Teobaldo : Le clip de Toutatis, déguisé en flic, qui a eu l’idée ?

Vald : C’est une idée à moi, que j’ai trouvé vraiment super, et j’ai forcé tout le monde à la faire. A la base, je voulais faire un vrai truc de bad cop, avec un keuf crapuleux, ripoux … et au final, on s’est retrouvé en îlotiers super ringards. Mais j’aime bien, c’est drôle, ça a un côté sketch, et puis ça nous fait 3 clips bien construits, qui sont très différents mais qui gardent quand même une certaine ligne directrice.

Teobaldo : J’ai l’impression que pour chaque clip tu vas un peu plus loin. Le prochain tu nous fais quoi, la guerre des étoiles ?

Vald : Le prochain … c’est une surprise. Il sera pas cher, mais drôle.

Teobaldo : Tu commences à monter, à avoir une petite notoriété, y’a forcément un moment où un mec va vouloir te clasher. Comment tu penses réagir ?

Vald : Ca dépend de la notoriété du bonhomme. S’il est en dessous de moi, j’en ai rien à foutre, parce qu’il va rien m’apporter, je vais juste lui donner du buzz. Par contre si c’est un mec qui est au-dessus, et qu’il m’attaque … je vais le ruiner, l’enculer comme un chien, je vais pas le lâcher. Je vais voir l’ouverture et … oh putain, je vais l’enculer.

Teobaldo : T’es prêt pour la guerre.

Vald : Attaquez-moi, je vous en supplie ! Mais faut souligner que ça reste de la musique, je peux clasher le mec et lui serrer la main en studio le lendemain. Après, pour qu’un mec avec plus de notoriété que moi m’attaque, faudrait qu’il soit vraiment con.

Teobaldo : Bah y’a des cons dans le rap français, c’est pas le problème.

Tefa : Nan, y’a pas de cons, c’est pas vrai. C’est qu’une rumeur (rires).

Teobaldo : Est-ce que tu serais prêt à faire de la taule pour gagner en street-crédibilité ?

Vald : Je résisterais pas en taule … faudrait que je tue un violeur pour être respecté là-bas. Mais sinon, je suis un petit blanc, t’as vu mon gabarit ? Je suis dans la merde. Je vais m’en prendre plein la gueule !

Genono : Et pas que la gueule …

Vald : Et pas que la gueule !

Mehdi : Du coup après, tu feras peut-être du rap de victime.

Teobaldo : Est-ce que tu penses pas que tu vendrais plus en faisant du rap de victime ?

Vald : Pas sûr. Ce qui marche, c’est la sincérité. Si on croit en ce que je fais, les gens vont se sentir impliqués. Si je deviens la copie d’une copie, ça va intéresser personne. Faut juste être sincère et spontané.

Genono : Niveau connexions, tu fais pas énormément de featurings, ou en tout cas pas avec des rappeurs très côtés. T’es comme Niro, t’aimes pas te mélanger ?

Vald : Pour faire des feats avec des gens côtés, faudrait que j’aime ce qu’ils font, faudrait que je les contacte, ça me met un peu dans une position bizarre, j’aime pas trop ça. Je préfère faire des feats avec des gens que je connais, que j’aime, et avec qui il n’y a pas de calcul. En fait, y’a personne qui m’attire.

Teobaldo : Le rap français t’intéresse vraiment pas ?

Vald : Ah si, y’a vraiment des artistes que je kiffe, que je survalide. Un mec comme Katana, je suis comme un fou dessus, je l’écoute, j’en peux plus. Y’a aussi un gars de la clique de Kaaris, il s’appelle Solo le Mythe, il est trop fort. Y’en a beaucoup, j’aime bien aussi Docteur Bérize … Hornet La Frappe, il tue sa mère !

Genono : Bah justement, ces gens-là, ça t’intéresse pas d’aller les chercher et de rapper avec eux ?

Vald : Ca peut m’intéresser, mais je sais pas spécialement comment m’y prendre … Et puis je pense qu’un feat, ça se fait en fin de projet. Mon prochain projet, quand il sera fini aux trois quarts, je me dirai peut-être « tiens, il me faut un feat » … J’y penserai à ce moment-là. Et puis, ça va me mettre dans une démarche où je serai obligé d’écrire, et je déteste être obligé d’écrire. Ca me frustre.

Teobaldo : Pourtant t’as l’air productif.

Vald : Je suis productif, mais je suis capricieux. Et si j’appelle quelqu’un, je vais être obligé d’écrire, sinon il va me dire « tu m’appelles pour rien, enculé ! ». J’ai jamais de morceau où j’écris un couplet et ensuite je me dis « tiens, untel sur le deuxième couplet, ça passerait bien ». Déjà, j’ai très peu de chutes de morceaux, et puis … je m’aime trop, je crois. A chaque fois je trouve que mon morceau vaut la peine que j’aille au bout tout seul.

Teobaldo : Y’a des gens que t’aimes bien mais avec qui tu penses que musicalement, ça ne fonctionnerait pas ?

Tefa : Swaggman ?

Vald : Nan, Swaggman ça tuerait sa mère, t’es fou ! Par exemple Maitre Gims, je trouve qu’il est super fort, mais je le vois pas faire un refrain et moi lâcher un couplet derrière. Mais j’aime beaucoup de gens hein, même si vous avez l’air de penser le contraire.

Genono : NQNT, tu comptes le défendre sur une tournée ?

Vald : Je sais pas ce qu’on appelle une tournée. En tout cas on a plein de dates, dans toute la France, plus de trente jusqu’à l’été prochain.

Genono : On peut donc appeler ça une tournée.

Vald : Ouai, mais je les connais mes dates, on va pas se mentir les frères. Y’a des salles de quelques centaines de personnes …

Mehdi : Bah on voulait faire la tournée des Zéniths, mais il a que 20000 fans sur Facebook, c’est chaud.

Vald : Après, je sais pas si on peut dire que je vais « défendre » l’EP pendant cette tournée, mais c’est clair que c’est un excellent prétexte pour monter sur scène.

Mehdi : En langage professionnel, ça s’appelle bien « faire une tournée » et « défendre un projet » (rires).

Vald : Ouai, mais j’ai pas l’impression de défendre quoi que ce soit. Quand je monte sur scène, les gens connaissent déjà les morceaux, je leur donne juste ce qu’ils veulent.

Teobaldo : Le fait d’être entouré, avec des gens qui s’occupent de la production, d’autres de la logistique … ça t’enlève un poids ?

Vald : Ca m’enlève un poids, mais d’un autre côté, je dois toujours leur courir après (rires). Maintenant, je délègue, c’est un autre type de poids, mais au final ça m’avance pas beaucoup.

Genono : Pour conclure, les prochains projets, tu bosses déjà dessus ?

Vald : Ouai, je suis en avance. Les morceaux que vous écoutez en ce moment, ça fait déjà un an que je me branle dessus. La suite arrive.

Genono : Bon, bah on a fait le tour.

Vald : Merci les frères, c’était cool, j’ai bien aimé cette interview. De toutes celles que j’ai fait, c’était la plus dynamique.

Tefa : T’oublieras pas de couper toutes les questions où il dit qu’il est antisémite, homophobe, et encarté au FN.

NQNT dans les bacs le 28 Octobre. Et le produit est très bon, alors faites pas les lâches et mettez un petit billet dessus (ndTeo : ceci est un message de Génono. Moi j’ai pas encore écouté le CD =/)

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